LA SCROFULAIRE : l’autre reine des articulations

LA SCROFULAIRE : l’autre reine des articulations

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une graaaaaaaande médicinale oubliée, qui est une vraie plante maitresse pour le soulagements des douleurs articulaires : la Scrofulaire  noueuse est pourtant peu connue, beaucoup moins que l’Harpagophytum, alors qu’elle est plus efficace !

La Scrofulaire  est donc une petite plante vivace de nos régions qui a de grandes vertus médicinales : dépurative, anti-inflammatoire, antalgique, anti-oxydante, elle mérite le détour !

Aujourd'hui, nous allons donc vous parler de :
Botanique
Histoire
Culture et cueillette
Cuisine
Propriétés et utilisations


BOTANIQUE


La Scrofulaire appartient à la famille des Scrophulariacées. On en dénombre environ 250 espèces, mais seules 2 d’entre elles sont inscrites à la Pharmacopée française, et donc considérées comme médicinales : la Scrofulaire noueuse et la Scrofulaire aquatique, qui ont des compositions et des propriétés très proches, même si aujourd'hui, nous allons parler plus spécifiquement de la Scrofulaire noueuse.
La Scrophularia nodusa est ainsi nommée en référence à son action médicinale sur les scrofules, qui sont des tumeurs ganglionnaires, et son nom d’espèce de l’aspect noueux de ses racines, pleines de petits nodules, un peu comme des mini-tubercules de pomme de terre ou de topinambours.

Elle porte de nombreux autre noms : Herbe aux écrouelles, Herbe au siège, Orvale, Agrouelle, Murraine, Grande Scrofule, Scrofulaire des Bois.

C’est une plante vivace très répandue dans l’Hémisphère Nord, en particulier en Europe et en France, sauf sur le pourtour méditerranéen. On la trouve aussi en Asie occidentale et en Amérique septentrionale.
Elle pousse facilement dans des terrains humides et marécageux car elle affectionne les sols frais et humides. On peut la rencontrer dans les fossés, sur les bords de chemin, dans les marais, sur les berges de cours d’eau, à basse et moyenne altitude jusqu’à 1000 m, environ.

Ses racines, on l’a déjà dit, sont des rhizomes épais et noueux. La tige de la Scrofulaire est carrée et rigide et peut atteindre jusqu’à 1m voire 1m50 de hauteur. Ses feuilles triangulaires dégagent une odeur désagréable, un peu fumée, quand on les frotte et ses fleurs sont de couleur brun/rouge et groupées en inflorescence, qui ne sont pas sans rappeler les fleurs du Muflier, qu’on connait mieux. C’est plutôt une jolie plante d’ornement qui ne dépare pas dans un jardin, même si on la prend plus souvent pour une mauvaise herbe qu’autre chose, dans la nature…
Elle fleurit entre juin et septembre et ses fruits sont de petites capsules qui contiennent des graines très fines.
La Scrofulaire contient de nombreux constituants très intéressants sur le plan médicinal, pour l’homme, notamment  des Iridoïdes, des Saponines, des Acides phénoliques, des Flavonoïdes et des Tanins.



HISTOIRE


La Scrofulaire noueuse est une plante dont le passé commun avec l’homme est assez récent, en comparaison avec certaines de ses consœurs : elle était parfaitement inconnue dans les temps préhistoriques, et même du temps de la médecine grecque et de la médecine arabe.

C’est à partir du Moyen-Âge que la Scrofulaire fit son entrée dans le monde des hommes : à cette époque, elle était réputée pour soigner les scrofules, qu’on appelait aussi des écrouelles, deux mots anciens qui désignaient les inflammations chroniques et les abcès d'origine tuberculeuse qui atteignent les ganglions lymphatiques au niveau du cou, après que ceux-ci aient été infectés par le Bacille de Koch.
La maladie des écrouelles est donc une forme de la tuberculose, en fait. Ce sont les écrouelles que le roi de France, le jour de son sacre, devait toucher afin de les guérir miraculeusement, vous avez peut-être déjà entendu parler de cette histoire de rois guérisseurs…
Les renflements des racines de la Scrofulaire évoquent ces lésions, et à cette époque, la Théorie des Signatures, qui est très en vogue et qui fait un lien entre l’apparence physique d’une plante et ses propriétés médicinales, les donnaient donc pour remède contre les tumeurs et l’enflure. On l’utilisait globalement comme dépuratif dans toutes les affections de la peau, et même pour essayer d’enlever les taches de rousseur !

Au XVIeme siècle, les botanistes et médecin Bock et Fush commencent à s’intéresser à la Scrofulaire de manière un peu plus scientifique et rapportent ses effets anti-hemmoroïdaire et dépuratif.
Mais c’est lors du siège de La Rochelle au XVIIeme siècle, sous Louis XIII, que ses propriétés vulnéraire, c’est-à-dire cicatrisante, ont été mises en lumière  : en effet, par suite du manque d’autres remèdes, les chirurgiens soignaient les blessures et les plaies des combattants avec de la Scrofulaire, et ont pu se rendre compte de son efficacité ! D’ailleurs, pour certains historiens, son nom d’Herbe du siège, ne viendrait pas de ses propriétés anti-hemmoroÏdaire, mais bel et bien du Siège de La Rochelle !

A l’époque, la médecine populaire l'utilisait aussi en interne comme vermifuge, pour éradiquer les poux, comme antidote de la rage et surtout lui reconnaissait des vertus dans les cas de diabète.
Dans les Vosges et en Alsace, la Scrofulaire  faisait partie des plantes que l'on faisait passer au-dessus des feux de la Saint-Jean avant de les suspendre dans les maisons, les étables, pour se protéger l’année durant. En Bretagne, la Scrofulaire est vouée à Saint Cadot et appelée Herbe de Saint-Cadot, du fait que ce saint est invoqué, dans la région, pour guérir les écrouelles. CQFD.
Une tradition allemande fait de cette herbe l'amie des fées.
Les arabes en Algérie commencent à l’utiliser, notamment contre les fièvres intermittentes.

Au XIXeme siècle, le célèbre médecin Cazin, la recommande en tant que tonique, purgative, vermifuge et vulnéraire. Puis, c’est au tour de Henri Leclerc, l’inventeur de la phytothérapie, de prouver que la Scrofulaire agit effectivement sur le métabolisme des hydrates de carbone et elle fait donc bel et bien baisser le taux de sucre chez les diabétiques ! La médecine populaire n’avait pas tort… La Scrofulaire guérit particulièrement bien les affections et plaies atones qui accompagnent souvent le diabète et qui inquiètent tellement les diabétiques à cause des risques de complications !

Au XXeme siècle, l’usage de la Scrofulaire se perd, jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elle peut avantageusement remplacer des plantes médicinales en voie d’extinction : on note un regain d’intérêt, encore confidentiel certes, mais bien présent, pour l’utilisation de la Scrofulaire, ces dernières années…



CULTURE ET CUEILLETTE


On peut souvent rencontrer la Scrofulaire dans des jardins aromatiques médicinaux : c’est une plante qui a besoin d’un sol humide et frais, de préférence riche en humus, mais ne nécessite pas beaucoup d’amendement par la suite et ne demande pas beaucoup d’entretien. Elle apprécie une exposition ensoleillée ou la mi-ombre et attirera de nombreux pollinisateurs, si vous l’accueillez dans votre jardin.
En cas de forte chaleur, pensez juste à pailler les pieds, car la Scrofulaire  n'est pas adaptée au climat méditerranéen.

En herboristerie, on utilise à la fois les feuilles et les racines, mais les propriétés médicinales des feuilles sont décrites par tous les auteurs comme étant supérieures à celles des racines, donc je vous conseille plutôt d’utiliser les parties aériennes.
Au jardin ou dans la nature, vous les récolterez entre mai et septembre, avant que la plante ne monte à graine. Par contre, vous pouvez récolter les feuilles quand la plante est déjà en fleur.

La feuille peut être utilisée fraîche ou sèche, et se conserve relativement longtemps (entre 12 et 18 mois).



CUISINE


Oubliez !
La racine possède une odeur un peu excitante et une saveur qui rappelle celle du panais, paraît-il. Rien d’exceptionnel, donc.
 Les feuilles, c’est pire : quand on les froisse, elles exhalent une odeur fétide et repoussante. Leur saveur est amère, âcre, limite nauséeuse.

Bref, on n’en raffole pas en cuisine. Tout au plus peut-on fabriquer du Vin médicinal, à utiliser en apéritif pour ses propriétés dépuratives,  en faisant macérer pendant une nuit 15 à 20 g de racines concassées dans un litre de vin blanc. Ensuite, on filtre et on boit 2 verres à apéritif par jour avant les repas.

Clairement, ce n’est pas une grande plante nourricière…



PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS


Par contre, la Scrofulaire a de grandes vertus médicinales : en herboristerie européenne, on considère qu’elle a un tempérament réchauffant et asséchant, ce qui veut dire que c’est une plante tonifiante, qui améliore l’état des tissus qui n’arrivent pas à retrouver un état d’équilibre. Ce sont des vertus qui vont être utiles dans beaucoup d’indications différentes, et qui sont tout à fait cohérentes avec les indications de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), on va le voir. C’est intéressant d’aborder cette plante sous l’angle de l’herboristerie traditionnelle et de la MTC !


1/ La Scrofulaire est avant tout une grande plante dépurative du système lymphatique et de la peau.

Avec la Bardane, l’aubier de Tilleul, le pissenlit et la Fumeterre, elle fait même partie du Top 4 des plantes détox !
Ceci signifie qu’elle a la capacité de stimuler certains organes de détoxification afin de nettoyer le sang et le système en général. Mais c’est en particulier une grande drainante du système lymphatique.
Elle va donc avoir une grande utilité quand on a affaire à des ganglions gonflés ou engorgés (les scrofules, vous vous rappelez ?) : elle est particulièrement indiquée lorsque la personne a tendance à avoir des ganglions lymphatiques enflés dès qu’elle a une infection (ça signe une faiblesse constitutionnelle du système lymphatique).

C’est pourquoi on utilise la Scrofulaire pour tout problème entrainant un engorgement des ganglions lymphatiques. Le fameux herboriste américain Mickael Moore la recommande particulièrement en accompagnement pour les maladies à virus lent (syndrome de fatigue chronique, cytomégalovirus, Epstein-Barr, VIH), lorsque la personne a tendance à avoir les ganglions lymphatiques enflés. Au cours de ces infections virales, elle va avoir une action « décongestionnante » toujours très intéressante. D’ailleurs, elle a connu un certain engouement pendant la crise COVID…
Attention, dans ce genre de cas, la Scrofulaire va permettre de diminuer la congestion des ganglions lymphatiques mais ne va pas spécifiquement traiter l’infection elle-même. Mais déjà, rien que cela, cela peut être très intéressant au niveau symptomatique.


2/ Plante vulnéraire et cicatrisante :

Quand il y a une tendance à avoir un système lymphatique paresseux, facilement engorgé, on retrouve aussi fréquemment des problèmes de peau.
Et oui, lorsque nos émonctoires, les organes qui filtrent les déchets et les toxines, sont dépassés par les événements, il faut bien que les déchets se retrouvent quelque part : au niveau de la peau, donc !
Car une peau en bonne santé est alimentée par le sang et ses déchets sont emportés par la lymphe : s’il y a des problèmes de nettoyage, les déchets s’accumulent fréquemment au niveau de la peau. L’acné et certaines lésions de peau de type eczéma peuvent être l’expression d’une incapacité du système lymphatique à faire correctement son travail d’évacuation !

De plus, les iridoides, encore eux !, ont aussi une action cicatrisante car ils stimulent la croissance des fibroblastes et permettent de restructurer la matrice extra-cellulaire des tissus conjonctifs et donc de régénérer plus rapidement des tissus sains. Double effet Kiss Cool, donc !

La Scrofulaire a une affinité particulière pour le système lymphatique de la tête et du cou. C’est pourquoi le fameux herboriste américain Matthew Wood la conseille particulièrement dans les cas d’eczéma du visage, des oreilles ou du cuir chevelu, quand le visage et les lèvres sont blanchâtres et gonflées ou quand les lésions de la peau ont une coloration bleutée (signe d’une stagnation locale, sanguine et lymphatique).
Michael Moore la conseille aussi quand il s’agit de maux de peau chroniques : eczéma de longue durée avec des épisodes périodiques de rougeurs et démangeaisons aigus, crise d’urticaire ou irruption de boutons sur le torse ou le dos. En cas d’eczéma rebelle, on l'associe avec succès à la Pensée sauvage.

De même, la Scrofulaire va être très intéressante en accompagnement de traitement pour le psoriasis. En effet, dans cette maladie auto-immune, le système immunitaire identifie nos propres cellules de peau comme allergènes et les détruit, ce qui crée une inflammation et une surcharge de déchets immunitaires que notre système lymphatique va devoir gérer : la Scrofulaire peut alors améliorer la situation, en soutenant le système lymphatique et l’élimination des déchets. Pour le psoriasis, elle est souvent prescrite en traitement de fond par les médecins phytothérapeutes.

La Scrofulaire va aussi permettre de « modifier les plaies de mauvais caractère », comme dit Cazin, c’est-à-dire éviter la pourriture des chairs : elle aide à cicatriser les plaies, et elle est utile en cas d’ulcères, notamment variqueux (caractérisés par une mauvaise circulation du sang et de la lymphe), atoniques ou gangréneux. Elle est aussi utilisée dans les cas d’infections fongiques de la peau ou certaines dermites séborrhéiques.

Ces propriétés vulnéraires et cicatrisantes, associées à son caractère de circulatoire et drainante lymphatique, en font une bonne alliée au long cours pour soulager les hémorroïdes et même, dans un registre plus sérieux … les symptômes de la syphilis !

Pour résumer, on peut étendre l’emploi de la Scrofulaire aux problème de peau en général : plaies atones, ulcères, herpès, dartres, démangeaisons en tout genre, coups de soleil, brûlures, érythème fessier, eczéma du visage ou du cuir chevelu, psoriasis, urticaire, boutons du torse et du dos, infections fongiques, elle aura toujours une action bénéfique !


3/ Plante anti-kystique par excellence :

La Scrofulaire est très efficace pour traiter les problèmes de kystes, fibromes ou nodules, comme typiquement pour les mastoses fibro-kystiques.

Ca tombe bien, car en MTC, la Scrofulaire est une plante lymphatique, tiens donc, dont la grande spécificité est de désagréger, c’est-à-dire ramollir, dissoudre puis éliminer les « glaires denses », figées, épaisses, comme les boules de graisse sous la peau, quelle que soit leur localisation (seins, ovaires, tendons, ganglions, cordes vocales, thyroïde).

N’oublions pas que c’est une plante considérée comme asséchante : elle permet d’enlever l’humidité de ces glaires en les menant jusque’à la vessie, pour une élimination via l’urine. Quant on souhaite privilégier une élimination diurétique de ce type, on l’associe avec du pissenlit ou de l’ortie.

En MTC, on considère d’ailleurs aussi que l’eczéma suintant ou le psoriasis sont des symptômes d’humidité installée sous la peau, de même que les rhumatismes ou l’arthrose sont de l’humidité installée dans les articulations : on retrouve alors cette même indication d’une plante asséchante comme la Scrofulaire pour nettoyer le terrain !

Pour travailler sur des lipomes ou des kystes, on préconise en général 1 à 5 g de plante sèche par jour en interne, ou infusion en externe …
Teinture 50gt/jour ou en compresse en externe.
Huile infusée en externe


4/ Graaaaaaande plante anti-inflammatoire méconnue :

Cet effet est dû à la concentration en iridoides de la Scrofulaire : elle contient notamment autant d’harpagoside (et ses dérivés) que dans l’Harpagophytum grande plante anti-inflammatoire, très souvent préconisée pour les problèmes articulaires.
Mais en plus, la Scrofulaire contient un autre principe actif iridoide très intéressant, l’aucubine, et des acides phénoliques, qui potentialisent les autres composés anti-inflammatoires et empêche la synthèse des médiateurs inflammatoires en cascade. Or, l’Harpagophytum ne contient pas d’aucubine, ce qui signifie que l’action anti-inflammatoire de la Scrofulaire noueuse est considérée comme plus puissante que celle de l’Harpagophytum, qui lui a pourtant longtemps volé la vedette !
Elle représente donc une très bonne alternative à l'usage de l’Harpagophytum pour soigner les troubles fonctionnels liés à l'arthrose, d’autant plus que l’Harpagophytum est une plante en danger d’extinction…

La Scrofulaire a aussi une action antalgique, et tout cela lui confère de nombreuses indications en rhumatologie : douleurs inflammatoires, rhumatisme psoriasique, polyarthrite, arthrite, arthrose, notamment lorsque les articulations sont déformées, "noueuses", à tendance enraidissante, hypertrophique (lorsqu’il y a épaississement de l'extrémité des os), pathologie tendineuse, lombalgie, cervicalgie, traumatologie musculaire, ou ligamentaire (entorse)…
C’est une bonne alternative aux AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens de synthèse). Elle est conseillée en association avec le Curcuma ou la Reine des Prés, deux autre plantes anti-inflammatoires majeures, en cas de crises aigues.
On peut aussi l’associer à la prêle, reminéralisante, qui agit sur la structure osseuse, et à la valériane, qui décontracte et combat le stress en intervenant sur la composante musculaire de la douleur.
La Scrofulaire  est particulièrement indiquée après des séances d’ostéopathie, de rééducation, de thermalisme ou de thalassothérapie

De plus, c’est une plante qui est très bien tolérée, et s’avère très utile dans l’exacerbation des douleurs articulaires, de l’épaule par exemple.
D’une manière générale, les personnes souffrant de maladies arthritiques ont besoin de changer régulièrement de plantes, afin de pouvoir pallier à l’effet d’accoutumance, qui fait que certaines plantes, au bout de quelques mois, plafonnent. La Scrofulaire est clairement une alternative intéressante…

Elle est aussi préconisée en accompagnement des inflammations à bas bruit, comme la fibromyalgie, par exemple : dans ce genre de contexte, la Scrofulaire noueuse peut être d’une aide très précieuse.

Différentes formes sont utilisées comme la teinture de la feuille fraîche ou sèche, l’infusion de feuilles fraîches ou sèches, en onguent, en cataplasme de plante fraîche ou sèche ou en gélules. Mais les composés anti-inflammatoires, les harpagosides, étant sensibles à la chaleur et peu stables au séchage, ils seront davantage préservés au sein d'une forme galénique préparée à partir de la plante fraîche, autrement dit mieux vaut utiliser une alcoolature de plante fraiche plutôt qu’une infusion, dans ce genre de cas.
Teinture de plante fraiche, 20 à 30 gouttes jusqu’à 3 fois par jour (ref : Moore)

Dans l’ancien temps, on fabriquait aussi un onguent beurré de Scrofulaire (macération racine, 50% beurre frais, 15j à la cave, puis fond, filtre et en pot !)…


5/ Plante digestive et anti-diabétique :


La Scrofulaire noueuse est une tonique digestive. Elle a aussi des vertus diurétique,  antispasmodique, cholérétique et hépatoprotectrice. On l’utilise donc en soutien des digestions paresseuses, ou pour le nettoyage hépatique.

De plus, on l’a dit tout à l’heure, elle fait baisser le taux de sucre sanguin, son action anti-diabétique a encore été vérifiée par des études scientifiques récentes au Japon, et c’est un traitement d’appoint efficace sur ce type de problèmes métaboliques.

On utilise les sommités fleuries en infusion, à raison de 10 à 15 mn d’infusion à couvert (entre 15 et 30 g de plante pour 1 litre d’eau, Ref Fournier et Moore).



6/ Plante anti-oxydante et accompagnement des cancers :

En lien avec son activité de soutien hépatique, la Scrofulaire permet d’augmenter l’activité du Glutathion peroxydase, une enzyme essentielle du foie, aux grandes vertus anti-oxydantes.
Utile pour lutter contre le vieillissement prématuré des cellules et les dégénérescences liées à l’âge, donc.
C’est intéressant de constater qu’en MTC, la Scrofulaire est une plante qui soutient la rate et le pancréas, qui sont les sièges de l’énergie vitale ! Correspondance parfaite cohérente, donc !

Cela en fait aussi une plante très étudiées aussi en accompagnement des cancers, quand il y a besoin de soutenir le métabolisme naturel de l’organisme, notamment quand il y a des grosseurs dans le cou et les aisselles (on revient sur l’engorgement de ganglions lymphatiques, qui est décidément l’indication récurrente pour cette plante).

Bien sûr, on ne parle pas d’un remède miracle, mais certains médecins considèrent que le cancer correspond à un encrassement du système, qui dégénère alors beaucoup trop vite. Dans ce cas, forcément, une plante qui permet d’épurer le système lymphatique, d’évacuer les déchets et d’aider le système immunitaire à combattre l’envahisseur avec son activité anti-oxydante, ça devient très intéressant !
La médecine américaine a beaucoup étudié la Scrofulaire sur cet aspect, depuis le début du XXeme siècle : on a ainsi démontré in-vitro que la Scrofulaire a un effet anti-prolifératif des cellules cancéreuses, et même qu’il stimule l’apoptose, c’est-à-dire la mort des cellules cancéreuses ! Un beau potentiel thérapeutique à explorer, donc, avec des nuances, puisque, a priori, la Scrofulaire du désert serait plus intéressante sur le plan anti-diabétique, alors que la Scrofulaire lucida est plus efficace en anti-cancéreuse, on dirait…


7/ Vermifuge et anti-poux :


Un peu anecdotique, la Scrofulaire peut être utilisée en lotion anti-poux, en préparant une longue infusion à parties égales avec de la tanaisie, avec laquelle on lotionne les parties atteintes.
Ou bien contre les vers intestinaux : on utilise alors ses graines (4g/jour).



8/ Précautions d’emploi :


Les auteurs classiques (Felter, Moore) insistent sur le fait que la Scrofulaire  doit se prendre pendant une période prolongée avant de faire effet, pendant plusieurs semaines.

La Scrofulaire est contre-indiquée en cas d’hypertension ou de tachycardie, car elle contient des hétérosides proches de la Digitale, qui sont des composants dépresseurs sur la fonction cardiaque. Heureusement, ils sont présents principalement dans la racine et peu dans la feuille. C’est pour cela que la Scrofulaire n’est pas une plante à marge thérapeutique faible contrairement à la Digitale, qui est considérée comme toxique, elle.
On l’évite seulement pour les personnes qui ont des problèmes cardiaques sévères, pour les femmes enceintes (sauf en externe) et les enfants de moins de 12 ans.

Prudence à haute dose, elle peut entrainer des vomissements. D’ailleurs, en général, les herbivores le savent, qui ne la broutent pas… donc, on évite si organisme fragilisé, en crise, pour lequel une cure dépurative trop puissante serait trop déstabilisante, c’est du bon sens…





Références/sources :
Dictionnaire plantes médicinales et vénéneuses de France Paul-victor Fournier
Christophe Bernard  Althea Provence
Petit Larousse des plantes qui guérissent de François Couplan et Gérard Debuigne
Du bon usage des plantes qui soignent de Jacques Fleurentin
Secrets d’une herboriste Marie-Antoinette Mulot
Plantes occidentales et médecine chinoise d'Anne Vastel
Wikipedia et Plantes & Santé
Docteur Aurélie Sicaud, médecin du sport
Traité pratique de phytothérapie du Dr Jean-Michel Morel
Hélene Gaillard pharmacienne