Tout le monde connait les framboises, c’est même un des petits fruits préférés des Français, en particulier des enfants, qui adore les ramasser, mais qui en mettent généralement plus dans l’estomac que dans le saladier ! Ma grand-tante de Bourgogne en savait quelque chose : elle avait tout intérêt à aller les cueillir elle-même si elle voulait être sûre d’en avoir assez pour en faire une tarte le soir…
Mais savez-vous que le Framboisier est bien plus qu’un simple producteur de fruits délicieux ? Originaire d’Europe occidentale, il est réputé pour ses feuilles riches en principes actifs, utilisées depuis des siècles en tisane pour leurs nombreux bienfaits, en particulier au niveau de la sphère féminine, car il a une action spécifique sur le cycle, les organes génitaux et les hormones sexuelles.
Aujourd'hui, nous allons donc vous parler de :BotaniqueHistoireCulture et cueilletteCuisinePropriétés et utilisationsSymbolisme
BOTANIQUE
Le Framboisier est un arbuste vivace et ligneux de la famille des Rosacées.
Son nom latin est Rubus idaeus, autrement dit « la ronce du Mont Ida » (on va y revenir…)
C’est donc un cousin de la ronce commune, « Rubus fruticosus », dont le fruit est la mûre.
D’ailleurs, Framboise vient du vieux francique Brambasi, contraction de « Bramo » qui signifie ronce et de « Basi » qui signifie baie.
On l’appelle aussi ronce Framboisier, ronce du Mont Ida ou encore Ambre.
Une autre interprétation est que framboise est une abréviation de « fraise des bois », car on la trouve dans les mêmes stations que cette dernière : bois humides, ombragés et rocailleux du nord de l'Europe.
Ses tiges dressées peuvent atteindre jusqu’à 1,5 m de haut. La souche produit des drageons et de nouvelles tiges chaque année, assurant ainsi la continuité de l’espèce : les tiges sont bisannuelles : elles ne fructifient qu’après la deuxième année de leur cycle de vie, un détail à ne pas négliger lorsqu’on envisage de le cultiver.
Le Framboisier est natif dans tout l’hémisphère Nord, sur tous les continents. C’est une plante docile qui s’adapte à tous les types de sols et de climats, à l’exception des chaleurs excessives, c’est pourquoi on n’en trouve pas à l’état sauvage dans le sud de la France. Par contre, c’est un arbuste très commun dans les régions tempérées, qui pousse à la campagne ou en haute et moyenne montagne. Vous allez le trouver très facilement dans de nombreuses régions de France, en particulier là où il y a des forêts, plutôt au nord et à l’est du pays, en particulier dans les Alpes du Dauphiné et de la Suisse, au Mont-d’Or, mais aussi dans les Pyrénées.
Il croît en touffe et son caractère épineux lui permet de former des taillis impénétrables. Tant qu’il ne fait pas trop chaud, il se plaît en plein soleil, et préfère les sols bien drainés. Ses feuilles sont de couleur vert clair sur le dessus et ont une face intérieure blanchâtre, très reconnaissable, elles sont rêches et riches en épines. Après une floraison de grappes de fleurs blanches dotées de nombreuses étamines, le Framboisier donne les fruits très savoureux que l’on connait bien.
Techniquement, la framboise est ce qu’on appelle un fruit multiple, composé de plusieurs « drupes », qui se détachent facilement (mais c’est moins facile à manger !). Chaque dupréole possède un minuscule noyau dans lequel se trouve une graine. A l’inverse de la fraise, dont les fleurs sont assez semblables, mais qui porte ses graines à l’extérieur de son réceptacle rouge et bombé.
Le Framboisier se cultive aussi très bien, et se retrouve fréquemment au jardin : normal, puisque c’est une sorte de Ronce améliorée par la culture. D’ailleurs on les confond souvent tant que les fruits ne sont pas apparus. C’est là que la surface inférieure blanchâtre des feuilles du Framboisier peut être utile à l’identification ( car la feuille de Ronce est verte des deux côtés, elle). La tige du Framboisier est aussi blanchâtre avec des épines de petite taille, alors que la tige de Ronce est de couleur marron, rougeâtre ou verte, en fonction de son âge, et ses épines sont en général bien plus menaçantes.
Une fois que les fruits sont arrivés, la couleur du fruit, rouge ou noir, permet de les distinguer sans souci, bien sûr. Même si on trouve des fruits blancs, mais c’est une sous-espèce plutôt rare…
En termes de longévité, un Framboisier bien entretenu dans un jardin peut produire des fruits pendant plus de 12 ans.
Le Framboisier est une plante très riche en tanins hydrolysables (galliques et ellagiques), en flavonoïdes et en minéraux (notamment en calcium, fer et potassium, qui sont des éléments essentiels pour le bon fonctionnement de notre organisme).
Il contient également de nombreuses vitamines intéressantes pour l’être humain, ce qui en fait une mine d’or sur le plan médicinal, vous allez le voir.
HISTOIRE
S’il est reconnu que les populations du Néolithique recueillant déjà les framboises sauvages,
on connait le Framboisier surtout depuis l’Antiquité, puisque son nom de « Ronce du Mont Ida » vient d’une légende grecque : en effet, la nymphe Ida, fille du Roi de Crète, était la nourrice du dieu Zeus. Enfant, celui-ci était réputé pour ses caprices et ses grandes colères (normal pour le futur dieu du ciel, de la lumière et de la foudre !). Un jour, pour le calmer, Ida partit escalader la montagne pour récolter des framboises, afin de le calmer. À l’époque, les framboises étaient blanches mais, pendant sa cueillette, Ida se blessa au sein et le sang de la blessure colora le fruit en rose rouge – une couleur qu’elle a gardée depuis lors.
C’est depuis que le Framboisier est appelé Ronce d’Ida, et c’est Pline, le fameux historien romain, qui fait la plus ancienne référence botanique au Framboisier, affirmant que la plante était originaire du mont Ida, qui est le plus haut sommet de la Crète. Et le naturaliste suédois, Carl von Linné, a continué à attribuer cette origine à la plante lorsqu’il l’a décrite de nouveau en 1700.
Plus tard, le Framboisier est connu et utilisé autant en médecine européenne, que chinoise ou amérindienne, et il connait longtemps une grande notoriété.
Dès la fin du Moyen-Âge, sous l’impulsion des monastères, se développe la culture du Framboisier, autant pour un usage culinaire que médicinal. On en tirait aussi bien des parfums que des boissons ou des remèdes ! Le vinaigre est un exemple particulièrement frappant de cette utilisation polyvalente. Employé dans la préparation des vinaigrettes, il était également utilisé comme remède pour soigner les angines en gargarisme.
Au XVIIeme siècle, on utilisait les feuilles de Framboisier pour soulager les maux d’estomac : au temps de Molière, on croyait même qu’il suffisait d’écraser ses feuilles sur la région épigastrique pour guérir les maux d’estomac !!
En Pologne, on se désaltérait avec du vin de framboises. Les Russes et les Suédois préparaient aussi une sorte d'hydromel qu'ils trouvent délicieux, avec des framboises, du miel et de l’eau.
De l'Alsace aux Balkans, les framboises ont aussi une réputation aphrodisiaque, et les femmes enceintes devaient en porter sur elles, cueillies vertes, pour alléger les douleurs de l'accouchement.
Du fait que l'on trouvait les fraises et les framboises à l'état sauvage dans les bois et les forêts, le Framboisier fut souvent assimilée aux fées et aux sorcières, aux lutins des bois et aux gnomes, et on en retrouve souvent dans les paniers de cueillettes des contes et légendes.
A cause de la couleur rouge de ses fruits, la Framboise fut souvent mise en analogie avec le sang d'un ange ou d'un être surnaturel blessé qui, en se répandant et en se coagulant sur la Terre, se serait transformé en fruit, décidément toujours relié au divin. De fait, le Framboisier a souvent été considéré comme une plante protectrice : en Allemagne, on suspendait couramment des branches de Framboisier sauvage au-dessus des portes et des fenêtres comme protection contre les entités malfaisantes. On avait aussi pour coutume de mettre des branches dans toutes le spièces de la maison après un décès, afin que l'esprit du mort, qui rôde encore alentour pendant plusieurs jours, se détache du lieu qui a été son domicile et perde l'envie d'y revenir… La plupart de ces croyances se retrouvent dans beaucoup de communautés allemandes des États-Unis.
Mais le Framboisier a aussi une longue histoire d’utilisation médicinale chez les Amérindiens : ils ont utilisé les feuilles et les jeunes pousses de Framboisier pendant des siècles pour accompagner les femmes dans les périodes de transition hormonale : puberté, règles, ménopause, et pour favoriser le bon déroulement de la grossesse et de l’allaitement (et on verra plus loin qu’ils avaient bien raison !). Les Hurons considéraient même le Framboisier comme la plante des femmes par excellence, pour ses diverses propriétés bénéfiques sur les cycles féminins.
De nos jours, le Framboisier est encore largement plus utilisé en Amérique du Nord, notamment au Canada et dans les pays anglo-saxons, qu’en France, même si les Bourgeons de Framboisier connaissent un regain d’intérêt en France actuellement (nous y reviendrons…).
CULTURE ET CUEILLETTE
La culture du Framboisier est relativement simple. Il peut s’adapter à presque tous les sols, mais pour un rendement optimal, il préfère un sol fertile et frais. Plantez-le de préférence en plein soleil (voire à mi-ombre), c’est uniquement la sécheresse qu’il déteste, c’est donc bien de pailler généreusement autour de l’arbuste après la plantation pour conserver l’humidité du sol et prévenir la croissance des mauvaises herbes.
Ensuite, vous pouvez récolter les feuilles de Framboisier au printemps ou au début de l’été. Pour les fruits, on vous laisse juge, bien sûr ;)
Attention par contre à utiliser les feuilles fraiches ou sèches, mais pas à un stade intermédiaire, car en cours de séchage, elles développent des molécules toxiques qui disparaissent ensuite ! Donc le Framboisier, c’est bien frais, ou bien sec, mais pas entre les deux !
CUISINE
On ne reviendra pas ici sur l’utilisation culinaire de la framboise, car on pourrait remplir tout un livre de cuisine de recettes avec ce seul fruit !
Sachez juste que, avant que nous ayons inventé les pesticides et les engrais qui dénaturent le goût des choses, c'était un crime de laver des framboises avant de les savourer, car, ce faisant, on leur ôtait tout leur parfum et leur saveur. De plus, les framboises sont des fruits riches en vitamines, notamment B9, et ce sont de très bonnes sources de fibres et de Manganèse. De plus elles ont un très fort pouvoir anti-oxydant et elle sont très pauvres en sucre : elles font d’ailleurs partie des fruits autorisés aux diabétiques !
De plus, l'acide ellagique, dérivé des tanins présents dans le framboisier, est une substance anti-cancérigène reconnue. Elle est surtout présente dans les graines des framboises, alors n’hésitez pas à bien mâcher leurs graines, n’en déplaise à l’industrie agro-alimentaire qui favorise les sous-espèces avec le moins de graines.
C’est aussi un fruit riche en eau, et donc parfaite en été lors des fortes chaleurs. Mais hors saison, il faut savoir que les framboises surgelées conservent la plupart des vitamines, minéraux et macronutriments qui les constituent. Donc, n’hésitez pas à en consommer !
Je me contenterai de vous proposer ici deux recettes à base de Framboises, qui ont une utilisé à la fois culinaire et médicinale.
Celle du Vinaigre de framboise :
Pour préparer le vinaigre, commencez par faire macérer 1,5 kg de framboises dans 1 litre de vinaigre blanc pendant 10 à 15 jours. Ensuite, ajoutez du sucre selon votre goût et complétez avec de l’eau si besoin.
Ce vinaigre peut être utilisé pour assaisonner les salades ou pour déglacer les viandes.
Sur le plan médicinal, il est principalement usité contre les maux de gorge.
Et celle du Sirop de framboise :
Pour préparer le sirop, commencez par faire dissoudre 500 g de framboises bien mûres à feu doux dans une casserole. Ajoutez ensuite 500 g de vinaigre de vin et 500 g de sucre à la préparation. Chauffez doucement en remuant jusqu’à ébullition.
Une fois que votre mélange est bien mélangé et bouillonnant, passez le sirop à travers un linge fin pour éliminer les particules solides. Assurez-vous d’exprimer le linge pour extraire autant de sirop que possible. Conservez le sirop dans une bouteille bien fermée pour maintenir sa fraîcheur.
On l’utilise pour la gourmandise, comme pour les maux de gorge.
Les feuilles n’ont pas d’utilisation culinaire, à part en infusion : ce « thé des bois », au goût agréable et rappelant légèrement l’astringence du thé vert, a parfois été utilisé comme substitut du véritable Thé de Chine dans nos campagnes. On l’appelait aussi « thé de ménage », car il est diurétique et détoxifiant.
PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS
Sur le plan médicinal, ce sont les feuilles et les jeunes pousses de Framboisier que l’on va utiliser, et non les fruits.
Sur le plan énergétique, c’est une plante à la fois rafraichissante et asséchante des tissus, ce qui est logique pour une plante de la famille des Rosacées, donc très riche en tanins aux propriétés astringentes (qui resserrent les tissus et limitent les fuites de liquides, donc). En MTC aussi, le Framboisier est aussi considéré comme une plante de nature sèche et fraiche, comme en herboristerie occidentale, donc !
De plus, c’est une bonne anti-inflammatoire : ces deux propriétés combinées vont en faire une plante très intéressante pour soulager de nombreux maux, notamment :
1/ au niveau de la sphère ORL et cutanée :
On peut l’utiliser en infusion pour soulager les gingivites et les angines. On l’utilise en gargarismes pour les irritations et maux de gorge et en bains de bouche (infusion froide) ou en cataplasme de feuilles en cas d’aphtes. Elle a aussi un effet décongestionnant intéressant en cas de rhume ou de grippe, d’autant plus que c’est une plante sudorifique, ce qui veut dire qu’elle stimule la transpiration, ce qui peut être bien utile pour éliminer les toxines et faire baisser la fièvre quand il y en a.
Comme c’est un tonique astringent, cela en fait aussi une plante très intéressante en cas d’allergie respiratoire ou cutanée, en particulier quand il y a écoulement copieux de mucus clair des voies ORL supérieures.
En externe, il permet aussi de soigner les conjonctivites et les yeux irrités (application de feuilles sur les yeux). De plus, il calme les démangeaisons et a un effet antiseptique léger, on l’utilise donc avec succès sur les blessures mineures et en cas d’irritations cutanées, de rougeurs ou de couperose.
En pressant les pépins de framboise, on en tire une huile extrêmement précieuse (et chère, car peu de rendement !) : elle est riche en vitamine E et en caroténoïdes, ce qui en fait un puissant antioxydant. Elle est aussi pleine d’acides gras essentiels, ce qui fait qu’elle est très protectrice et réparatrice, elle permet vraiment de nourrir et d’hydrater la peau en profondeur. Ses vertus anti-inflammatoires permettent aussi de soulager la sécheresse et les irritations cutanées, ou encore l’eczéma, et de prévenir le vieillissement de la peau.
Mais bon, vous êtes prévenus, c’est un peu cher !
2/ au niveau de la sphère digestive :
Diurétique, légèrement laxative et dépurative, le Framboisier est aussi intéressant pour calmer les inflammations digestives de toutes sortes, et les diarrhées, surtout si elles sont d’origine récente, dans le cas contraire, la Ronce sera plus efficace, tout de même, car plus astringente encore.
Mais comme bien des plantes, le Framboisier n’aime pas être réduit à la condition de médicament à l’état brut, car il est bien plus subtil que cela. Ainsi il sera utilisé en cas de diarrhées mais aussi en cas de constipation car il a un effet laxatif léger.
Une simple infusion de feuilles, qui exerce une bonne protection hépatique et permet d’améliorer la sécrétion biliaire, permet de contrer les troubles gastriques et de rééquilibrer le transit très simplement. Le Framboisier soulage aussi ballonnements crampes et nausées.
Enfin, il a aussi un léger effet hypoglycémiant : les feuilles, les fruits, tout est bon chez le Framboisier pour les diabétiques, donc !
Mais c’est surtout au niveau de la
3/ Sphère génitale et hormonale :
que le Framboisier prend toute sa valeur !
Car le Framboisier est avant tout un grand tonique de la fonction utérine !!
Tonique, ça veut dire quoi ? On dit qu’une plante est tonique lorsqu’elle renforce l’action d’un organe ou d’une fonction du corps. Cela signifie qu’elle facilite une fonction naturelle qui tourne peut-être au ralenti, ou qui est bloquée pour une raison ou une autre. En tant que plante astringente et riche en nutriments, le Framboisier tonifie les tissus relachés, restreint la perte de fluides, et l’épuisement qui s’en suit. D’ailleurs, en MTC, le Framboisier est considéré aussi comme un tonique masculin, très utile pour soutenir la prostate, et la fertilité !
En même temps, le Framboisier a une action antispasmodique, on l’a vu, il est donc capable à la fois de relaxer et tonifier la zone utérine. Il a donc une véritable action régulatrice sur l’utérus, sans pour autant avoir un effet mimétique des oestrogènes, quand on le prend sous forme d’infusion de feuilles. Ce qui s’avère très intéressant en cas d’antécédent de cancer hormone-dépendant.
Par contre, quand on utilise de jeunes pousses de Framboisier, c’est-à-dire sous forme de gemmothérapie, on a alors une véritable activité hormonale régulatrice, notamment via des phytohormones contenues dans les tissus embryonnaires végétaux. Les bourgeons de Framboisier sont considérés comme étant oestrogene-like, mais il ont aussi un effet progestérone-like, qui mime l’effet de la progestérone sans en contenir réellement : c’est pour cela que le Framboisier est vraiment une plante régulatrice du cycle féminin, qui a une action douce sur tout l’axe hormonal (hypothalamo-hypophyso-ovarien) qui s’adapte en fonction des besoins de la personne.
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Coup de projecteur Gemmotherapie
On utilise les bourgeons au niveau médicinal depuis le Moyen-Âge, mais c’est un médecin phytothérapeute belge, le Dr Pol Henry, qui leur a donné leurs lettres de noblesse à la fin des années 1960 : inspiré par les découvertes sur les cellules embryonnaires d’origine animale, il s’est alors lancé dans l’étude des bourgeons. Il nomme alors cette nouvelle discipline la « phytoembryothérapie". On ne parle pas encore de gemmotherapie…
Il s’est basé sur le fait d’une part, que le bourgeon, plante en devenir, réunit toutes les propriétés de la plante, et d’autre part, que la plante est en relation avec son milieu, son biotope. Les bourgeons sont donc les précurseurs de tous les constituants de la plante, et contiennent toutes les propriétés des cellules et composants de la future plante, que ce soit les fleurs, les feuilles, les tiges… puisque, à partir de ces cellules embryonnaires situées à l’extrémité des tiges ou des racines, la plante peut se reproduire complètement.
Les bourgeons abritent en effet une kyrielle d’acides aminés, le matériau de base des protéines, qui sont les « briques » de la future plante, de la tige à la racine, en passant par les fleurs et les fruits. Ils recèlent aussi de nombreux micronutriments : des polyphénols, des antioxydants, des enzymes nécessaires aux réactions biochimiques, ainsi que des phytohormones de croissance qui sont absentes de la plante mature.
C’est pourquoi les bourgeons ont plus de propriétés que les différentes parties de la plante : ce sont des concentrés de vie et d’information, tellement puissants et condensés qu’on les a comparés à des pierres précieuses, de véritables gemmes végétales, d’où le nom de gemmotherapie, utilisé couramment de nos jours pour désigner ce type d’extraits médicinaux.
Concrètement, on va réaliser une macération de jeunes pousses fraiches, à peine cueillies, dans un mélange d’eau, d’alcool de fruit et de glycérine ou de sirop d’agave, pour en extraire le plus de molécules possibles, qu’elles soit hydrophiles ou lipophiles. Le résultat est une extraction hydro-alcoolique très concentrée en principes actifs, qu’on utilise sous forme de gouttes diluées dans un verre d’eau, en cure de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, classiquement.
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Mais revenons à notre Framboisier :
Non seulement le Framboisier est plein de vertus au niveau hormonal, mais en plus, il est nutritif, alcalinisant et riche en vitamines, en tanins et minéraux qui sont essentiels à la bonne santé des organes féminins, et au renouvellement sain de l’organisme. Il permet donc un travail en profondeur, nourrit les tissus, renforce le plancher pelvien et stimule la fertilité.
On comprend alors mieux pourquoi le Framboisier peut jouer un rôle essentiel dans la bonne santé de la sphère hormonale féminine, sachant que son organe de prédilection, c’est l’utérus, dont il soutient à la fois la structure et la fonction.
en effet, le Framboisier va faciliter une meilleure fonction de l’utérus dans son ensemble, dans ses différentes couches et ses différentes fonctions : pour rentrer plus dans le détail, il va permettre une meilleure solidité des tissus de l’endomètre, donc qui va permettre une meilleure gestion cyclique de ces tissus, une meilleure formation, un meilleur détachement, et une meilleure implantation de l’embryon éventuel. Il va aussi faciliter les contractions musculaires du myomètre, cette couche de muscle qui est juste derrière l’endomètre et qui permet, entre autres choses, de faire sortir le bébé en se contractant.
C’est pourquoi la tisane de feuilles de Framboisier a toujours été utilisée de façon traditionnelle par les sages-femmes, pour faciliter l’accouchement : car elle tonifie le muscle utérin pour avoir des contractions plus efficaces et plus fortes et diminuer les risques de saignements excessifs durant l’accouchement. Elle augmente la dilatation du col et accélère le travail en le rendant moins douloureux.
En plus, le Framboisier contient de la vitamine B9 en quantité, vitamine qui joue un rôle primordial dans la production de l’ADN, de l’ARN et des acides aminés essentiels à la croissance de nos cellules. Particulièrement intéressant à utiliser durant la grossesse, donc…
Diverses études scientifiques ont démontré que le Framboisier permet :
une réduction de la durée de la seconde phase du travail,
un taux plus faible d’accouchement par forceps, ventouse ou césarienne
une diminution du nombre de naissances pré et post terme (car elle diminue les contractures indésirables : parait contre-intuitif, mais je pense qu’on peut l’expliquer car si les contractions sont plus utiles et efficaces, le corps a moins besoin d’en produire à tort et à travers) ;
une diminution de la nécessité de rompre la poche des eaux ;
Le Framboisier permet aussi de renforcer l’élasticité du périnée, ce qui permet de réduire le risque de déchirure lors de l’accouchement. Et bien évidemment le Framboisier ne provoque aucun effet indésirable pour la mère ou le bébé !!
Traditionnellement, on considère que le Framboisier ne risque pas de déclencher pas l’accouchement sauf en cas de grossesse à risques (contrairement à la Sauge), et certains phytothérapeutes le préconisent de manière assez large, dès le 2eme trimestre de grossesse, mais le consensus actuel préconise plutôt de l’utiliser seulement à partir du 9eme mois, par précaution.
La forme infusion est idéale pour les femmes enceintes, car elle permet une assimilation douce et progressive des principes actifs, qui permet de profiter de tous les bienfaits sans risque de consommation excessive. En outre, cette infusion aura aussi un effet relaxant et offrira un moment de détente et de bien-être qui s’intègre facilement à la routine quotidienne. On veillera bien sur à utiliser des feuilles de bonne qualité bien sûr, avec une belle couleur verte, à raison d’une cuillère à dessert, voire une cuillère à soupe par tasse, en général. Et on prendra l’infusion à raison d’1 à 3 tasses par jour pendant tout ce dernier mois, et en cas de dépassement du terme, on passe à 5 tasses/jour, en y associant éventuellement de la Sauge, pour accélérer les choses, donc…
Après l’accouchement, le Framboisier reste très intéressant car il enrichit le lait maternel et diminue l’inconfort des seins. Il aide aussi à remettre le muscle utérin en place, bien fatigué par l’accouchement, et de calmer les « tranchées », ces contractions post-partum de l’utérus qui s’enclenchent lors des montées d’ocytocine, donc pendant l’allaitement ou le peau-à-peau. Ces tranchées permettent la rétractation de l’utérus et la cicatrisation de la zone où le placenta était implanté, mais elles peuvent être douloureuses : on continue donc à prendre du Framboisier pendant quelques semaines après l’accouchement, pour que tout se remette en place avec douceur (2 ou 3 tasses/jour) !
Dans ce genre de cas, le Framboisier se marie bien avec la Mélisse,, antispasmodique et anti-stress.
D’ailleurs, le Framboisier est aussi d’une grande utilité pour se remettre des problèmes de traumas de la matrice en général, quand la sphère génitale a été malmenée ou forcée (fausse couche, avortement, viol, …) On va alors aider l’organisme à remettre la zone en état, en utilisant des infusions (longues) de feuilles de Framboisier (ou sous forme d’alcoolature de feuilles).
Mais le Framboisier n’est pas utile qu’aux femmes enceintes, il joue un rôle essentiel dans la santé des femmes tout au long de leur vie hormonale !
Par exemple, il est intéressant en cas de retard pubertaire et d’aménorrhées de la puberté liées à un hypogonadisme féminin (c’est-à-dire un fonctionnement au ralenti, normal, c’est une plante tonique, on a dit !). Dans ce genre de cas, le Framboisier va aider à réguler, à stimuler et à renforcer le système reproducteur, de manière globale.
C’est une plante de fond, qu’on va utiliser, comme toutes les toniques, sur plusieurs semaines, parfois plusieurs mois, pour une action en douceur mais tout de même bien présente. En fait, on va introduire la plante, souvent en l’associant avec d’autres plantes plus spécifiques selon l’effet recherché, et on va la laisser agir en l’oubliant un petit peu : n’oublions pas qu’on travaille au niveau hormonal, donc sur des temps longs !
C’est aussi une plante très intéressante en cas de SPM ou de règles douloureuses. Elle peut être très utile aussi en cas de règles particulièrement abondantes, ou de saignements entre les règles, on l’utilise souvent en combinaison avec l’Achille millefeuille, le Gingembre ou la Matricaire, dans ce genre de cas, en fonction des personnes. Le Framboisier a aussi un effet diurétique léger, il va aider à éliminer l’excès d’eau et de sel dans le corps, ce qui est intéressant en cas de jambes lourdes, de gonflement ou de rétention d’eau, comme cela arrive fréquemment avant les règles chez certaines femmes.
Le travail que le Framboisier effectue au niveau de l’endomètre va aussi rendre cette plante très intéressante pour accompagner et soulager la personne en cas de fibrome ou d’endométriose, bien sûr, d’autant plus qu’elle est antispasmodique. On l’associera alors avec des plantes décongestionnantes, circulatoires et anti-inflammatoires car, encore une fois, le Framboisier n’est pas la plante la plus anti-inflammatoire, ni la plus active au niveau hormonal : ce ne sera donc pas la protagoniste principale, elle exercera plutôt une action de régulation globale, subtile et profonde.
L’effet régulateur du Framboisier peut aussi être mis à profit à la période de la préménopause (souvent en association avec le Pommier, là aussi) : : il permet de réduire les désagréments tels que bouffées de chaleur, règles anormalement longues et excessives (par hyperplasie endométriale), nervosité, baisse de libido, pilosité excessive. Il est particulièrement utile en cas de ménopause précoce : on le prend alors pendant toute la durée du « cycle ». Les bourgeons de Framboisier renforcent aussi le système immunitaire, ce qui permet en plus de combattre la fatigue, souvent (trop) présente à cette période de la vie.
Pour tout ce travail autour de l’équilibre hormonal féminin, on travaillera efficacement avec les jeunes pousses en gemmothérapie, plus puissants que la feuille de Framboisier. Là encore, on l’associera en fonction des besoins et des moments du cycle : en cas de manque d’oestrogènes, on lui ajoutera des bourgeons d’Airelle rouge qui ont une puissante action stimulante oestrogénique (notamment au moment de la ménopause). S’il s’agit plutôt d’un manque de progestérone (hyper-oestrogénie relative), on partira plutôt sur des bourgeons de Pommier, progestérone-like. On soutiendra aussi avec des bourgeons de Romarin en cas de douleurs de règles.
Dans tous les cas, il sera important de laisser le temps au Framboisier de manifester son action régulatrice : prévoyez de le prendre sur trois cycles au moins pour estimer son effet. On peut tout à fait faire des cures régulières, pendant trois à six mois, voire au long cours (toujours en faisant des coupures pour éviter que le corps ne s’habitue et que la plante perde son efficacité).
Les posologies habituellement conseillées sont en général de dix gouttes, deux à trois fois par jour ou bien à raison de 3 gouttes par jour, en augmentant par paliers de 2 jours jusque’à atteindre la dose d’effet optimal. Comme elle s’adapte aux besoins de l’organisme, plus finement que la plupart des autres plantes à action hormonale, on peut le prendre de la fin des règles jusqu’aux suivantes !
Comme les jeunes pousses de Framboisier ont aussi un effet protecteur sur le foie, en aidant à éliminer les toxines et à réguler la fonction hépatique, elles s’avèrent utiles même en cas de prise de pilule anticonceptionnelle : bien sûr, dans ce cas, elles n’ont pas d’action sur le cycle puisque celui-ci est supprimé par la pilule, mais elles peuvent toujours être intéressante au niveau antispasmodique et diurétique, pour soulager les symptômes du SPM, par exemple…
Enfin, ses propriétés antiseptiques légères vont faire aussi du Framboisier une plante intéressante en cas de vaginite : on fabrique tout simplement une infusion qu’on utilise en douche vaginale, le temps de retrouver un équilibre normal.
C’est vraiment une plante qui va accompagner la femme tout au long de sa vie, sur le plan hormonal !
4/ Précautions et contre-indications :
Le Framboisier est une plante très sécuritaire : aucun effet secondaire notable n’a été rapporté suite à l’utilisation du Framboisier. Tout au plus, étant donné que c’est une plante riche en tanins, évitez de la consommer près des médicaments ou des compléments alimentaires, car elle peut en limiter l’absorption des principes actifs.
De même, soyez prudents si vous êtes sous médicament hypoglycémiant, car l’effet hypoglycémiant du Framboisier peut déséquilibrer votre métabolisme glucidique, à hautes doses.
Le macérât de bourgeons est déconseillé chez la femme enceinte et en cas de cancer hormone-dépendant mais la feuille et le fruit sont très bien tolérés !
SYMBOLISME
Le Framboisier, plante de l’utérus et de la fonction maternelle, est avant tout lié à la notion de l’enfance et de l’amour. Il est symbole de réconfort et d’apaisement, car c’est la plante qui apporte le calme et apaise « le Zeus en nous »… C’est une plante qui apporte une touche de féminité et de douceur, comme son fruit à l’arôme subtil, quand le besoin s’en fait sentir. Mais attention à ses épines : accueillir et accepter la douceur, cela ne veut pas dire rester sans défenses pour autant. En cela, le Framboisier est un peu le petit frère de la Rose, plante à la fois douce et sauvage !
Le Framboisier nous parle aussi de souplesse : ses branches exubérantes rampent, se tordent et grimpent partout, pour offrir des nids aux oiseaux et des cachettes à ses beaux fruits rouges.
Et puis, le Framboisier est lié à la Terre, à la notion de Terre-Mère : sa capacité à absorber en profondeur les minéraux du sol, à tisser l’espace pour contenir solidement le vide dont toute nouvelle vie a besoin pour se développer nous amène à nous questionner sur la manière dont nous nourrissons (ou pas !) notre espace intérieur.
Comme le Framboisier avec ses épines, apprenez à tracer les limites de votre espace intérieur, en affirmant ce qui est à vous, sacré et inviolable, pour donner la meilleure place à votre pouvoir créatif, sous quelque forme que ce soit !
Et puis, n’oubliez de déguster ses framboises avec le bonheur et la simplicité de l’enfance ;)
Références/sources :
Petit Larousse des plantes médicinales De Gérard Debuigne et François Couplan
Du bon usage des plantes qui soignent De Jacques Fleurentin
Christophe Bernard Althea Provence
Jésus Cardenas, médecin phytothérapeute
Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman
Luminessens
Le Petit Larousse des plantes qui guérissent, de François Couplan et Gérard Debuigne
Traité d’herboristerie énergétique de Matthew Wood
Fournier, Paul-Victor, « Dictionnaire des Plantes Médicinales et Vénéneuses de France
L’herboristerie : manuel pratique de la santé par les plantes, Patrice de Bonneval
Plantes occidentales et médecine chinoise, Anne Vastel et Sylvie Chagnon
300 plantes médicinales de France et d’ailleurs, Claudine Luu, herboriste et praticienne MTC, et Annie Fournier
Valnet, Jean, « La phytothérapie : Se soigner par les plantes »