LE MILLEPERTUIS : l’esprit du soleil

LE MILLEPERTUIS : l’esprit du soleil

La Saint-Jean d’été marque l’apogée de la lumière, mais aussi le début de son recul : on avait pour habitude de la fêter par de grands feux de joie dans les campagnes, et c’était aussi une époque particulièrement propice pour cueillir certaines plantes, considérées comme les plus magiques des médicinales.
« Saint Jean brûle les mauvaises herbes et donne les bonnes » : ce dicton populaire rappelle les qualités que l’on attribuait aux plantes de la Saint Jean.
A tout seigneur, tout honneur, aujourd’hui, je vais vous parler du roi des plantes sacrées de la Saint-Jean : le Millepertuis (les autres sont l’armoise, la joubarbe, le lierre terrestre, la marguerite, l’achillée millefeuille et la sauge).

Le millepertuis est connu pour ses effets antidépresseurs : il est souvent traité de « Prozac naturel », mais il serait un peu léger de le limiter à ça, car cette plante, qui capte la force du soleil pour mieux la restituer, a plus d’un tour dans son sac pour aider les hommes et les animaux : il favorise la sommeil, aide au sevrage du tabac, soulage les plaies. Bref, il mérite bien soin surnom de « Chasse-diable », vous allez voir…


BOTANIQUE

Le millepertuis est une plante herbacée vivace, appartenant à la famille des Hypericacées.
On dénombre 350 sortes de millepertuis réparties dans le monde entier, mais on va s’intéresser principalement à l’Hypericum perforatum et l’Hypericum maculatum.
Le nom latin Hypericum viendrait du grec hyper eikona : « qui chasse les fantômes », ça nous donne une idée de la grande estime dans laquelle on a toujours traité cette plante.
Les noms de perforatum et de millepertuis traduisent l'aspect perforé des feuilles (« pertuis » voulant dire trou). « Mille pertuis » signifie donc « mille trous ». En effet, si on les regarde par transparence, on observe que les feuilles semblent creusées d'un grand nombre de petits trous. En fait, il ne s’agit pas de trous, mais de petites glandes translucides pleines d’huile essentielle qui, par transparence, donnent l’impression d’une multitude de minuscules perforations.

Le Millepertuis a un grand nombre de noms communs : Herbe de la Saint Jean, Herbe aux mille vertus, Barbe de Saint Jean, Chasse diable, Herbe aux mille trous, Herbe aux fées, parfum de Dieu, Herbe aux brûlures, Herbe percée, Trucheron jaune, Truchereau, Herbe aux piqûres, Herbe solaire, Sang de la Saint Jean, Grâce-Divine, touche-et-guérit,  Jaulnette…

C’est une plante assez discrète, de 40 à 80 cm de hauteur, avec de nombreuses tiges rougeâtres qui lui donne un aspect de petit buisson, et de jolies petites fleurs à 5 pétales d’un jaune éclatant, qui dégagent un léger parfum d’encens, et qui laissent s’écouler un liquide rouge quand on les écrase. C'est en raison de cette odeur caractéristique, réservée de tous temps aux « choses divines », qu’on a attribué au millepertuis des actions spécifiques contre la sorcellerie et qu’on l'a appelé Herbe aux Fées ou Chasse diable…

Le millepertuis aime les endroits secs et ensoleillés. cela lui suffit pour se naturaliser un peu partout, y compris le long des routes, en bordure des champs, dans les endroits secs et sablonneux ou dans les terrains vagues. C’est donc une plante très commune. Mais il a besoin d’une terre bien drainée, caillouteuse et calcaire et d’au moins six heures de plein soleil tous les jours pour fleurir.

Originaire d’Europe et d’Asie occidentale, le millepertuis s’est ensuite répandu dans le nord de l’Afrique. Il a aussi été introduit en Amérique du nord et en Australie, où il est considéré comme une mauvaise herbe difficile à éradiquer car, dans des zones de très fort ensoleillement, son effet photosensibilisant peut causer de violentes brûlures au bétail qui le mange en grande quantité.


HISTOIRE

Il semble que cette plante ancienne avec ses fleurs jaunes soit l'un des grands dons que la nature a offerts à l’humanité : le millepertuis poussait en Grande-Bretagne avant la dernière glaciation et il est connu de l’homme depuis plus de 2 500 ans.
Les Grecs anciens connaissaient très bien les propriétés du millepertuis pour le traitement des plaies et des troubles névralgiques et des bienfaits de l’huile de millepertuis en tant qu’antiseptique, cicatrisant et antalgique. Dioscoride le conseillait pour contrer la malaria, la sciatique et les brûlures.

Chez les Celtes aussi, on utilisait le Millepertuis pour ses propriétés médicinales et aussi pour teindre les tissus : les racines permettaient de teindre en jaune !et le reste de la plante colorait les vêtements en rouge. On peut même obtenir des nuances de vert après un savant travail de mélange… Les chevaliers des Croisades l’utilisaient comme vulnéraire, c’es-à-dire pour soigner les blessures, les plaies et les ulcères.

Mais depuis la nuit des temps, le Millepertuis est surtout une grande plante sacrée, que l’on retrouve dans de nombreuses légendes : chez les Celtes, notamment, c’est la plante qui est responsable de la mort du Dieu Balder l’Apollon de la mythologie nordique.

Chez les Chrétiens aussi, l’observation du millepertuis a alimenté nombre d’histoires  : les branches vues de dessus forment une croix parfaite, ce qui était un signe de son caractère sacré dans la tradition chrétienne de l’époque. Et avec ses fleurs jaune d'or et sa floraison avoisinant le solstice d'été, le Millepertuis a toujours été un symbole solaire très positif.
De plus, le suc rouge qui s’écoule quand on triture les fleurs symbolise le sang du Saint pour les européens du Moyen-âge. Selon les régions, on raconte qu’il s’agit du sang du Christ mais plus souvent il s’agit de celui de Saint Jean Baptiste : en effet, la plante serait apparue après sa décapitation et aurait poussé là où son sang avait coulé (d’où son nom d’Herbe de la Saint Jean).
Il faut dire que Saint Jean Baptiste, le cousin de Jésus, a toujours été associé à l’été, à la vie et la végétation :  selon la tradition, il serait né le 21 juin, lors du solstice d'été marquant la saison où la végétation est luxuriante, il vivait en ermite dans la nature, habillé comme un sauvage et ne se nourrissant que de plantes sauvages. A l’époque, quand la religion chrétienne n’arrivait pas à éradiquer les rites païens, elle les détournait et les sanctifiait purement et simplement : la figure de Saint Jean Baptiste est considérée comme une résurgence du Green Man, l'Homme vert des cultures anciennes qui incarne la nature et sa fertilité.
Avec de tels attributs, chez les Grecs, comme chez les Celtes et les chrétiens du Moyen-âge, on a toujours considéré que le millepertuis était une plante protectrice de premier ordre, une exorciste utilisée en magie blanche, capable de chasser les mauvais esprits, les sorciers et autres mauvaises fées… Fleur solaire par excellence, le millepertuis chassait toutes les redoutables puissances de l'ombre.
Ainsi, les Grecs comme les Chrétiens du Moyen-âge suspendaient des tiges de millepertuis au-dessus d'images saintes pour éloigner les mauvais esprits et mettre fin aux tourments qu’ils provoquaient, des démangeaisons aux points de côté, en passant par la dépression, considérée à l’époque médiévale comme une possession diabolique. Il faudra pourtant encore plusieurs siècles pour que la médecine moderne s’intéresse aux propriétés anti-dépressives du Millepertuis.
Dans certaines régions de France, on plaçait du millepertuis dans le berceau des enfants dès qu'ils étaient baptisés afin de chasser les êtres mal intentionnés. Les anciens n’en faisaient pas seulement des bouquets protecteurs, ils allaient carrément jusqu’à en mettre dans le torchis avec lequel ils fabriquaient leur maison !
Certaines dates se prêtaient plus particulièrement à son usage : c’est au moment des Feux de la Saint Jean que le pouvoir du millepertuis était considéré comme le plus fort.
Les Feux de la Saint Jean sont une christianisation des fêtes païennes du Solstice, qui célèbrent le soleil qui amorce son déclin. Ces jours sont si particuliers qu’ils étaient perçus comme « magiques », notamment pour les herbes médicinales qui se chargeraient alors de pouvoirs : c’est à ce moment-là qu’il fallait cueillir le Millepertuis, la veille ou le jour même de la Saint Jean,. Dans certaines régions, on le cueillait à midi, c'est-à-dire lorsque le soleil atteint son apogée, moment où la plante se trouve au plus haut de sa puissance. D’autres endroits, il fallait se lever tôt pour les cueillir avant l’aube, moment entre la nuit et le jour considéré comme magique, pour ensuite les faire sécher au soleil qui le charge en énergie. Dans le Var, il était de tradition de monter à la Sainte-Baume afin de voir le soleil sur le sommet du Saint-Pilon (au-dessus de la grotte de Sainte Marie-Madeleine) pour déterminer le moment idéal. A Marseille, où il est pour certains impossible de partir cueillir ces plantes, un marché aux médicinales, attesté au début du XIXe siècle, avait même lieu ce matin là sur le Cours.
Ensuite on l’accrochait en protection à la porte des maisons, ou sous son oreiller pour éloigner les esprits tourmenteurs qui perturbent le sommeil, il éloignait toute sorcellerie et tout envoûtement pendant l’année à venir.
En Saintonge, au XVeme siècle, les tiges de de Millepertuis étaient liées en botillons et attachées au plancher : on pensait qu’elles s’inclinaient comme si elles s'étaient soudainement fanées quand un sorcier pénétrait dans la maison, et ça permettait de les repérer à leur entrée.
Par contre, attention : au Pays de Galles, la légende raconte que si l’on marche accidentellement sur du millepertuis le soir du Solstice, on risque de se retrouver au Pays des Fées.

Et puis à la sortie du Moyen-âge, la médecine a commencé à s’intéresser aux vertus du Millepertuis sur le système nerveux : Paracelse le tenait en grande estime et à partir du XVIIIème siècle, les médecins commencent à le prescrire dans les cas d’hystérie et de troubles psychosomatiques liés à la dépression.
En cela, ils ne font qu’imiter les asiatiques qui avaient depuis longtemps découvert les propriétés du Millepertuis sur le système nerveux : en Chine on l’employait comme narcotique pour endormir et les Tartares cherchaient l'oubli de leurs maux dans une infusion de cette plante depuis fort longtemps.
De nombreuses études scientifiques ont confirmé les propriétés impressionnantes du Millepertuis sur le système nerveux. En Allemagne, aujourd’hui, la plante est même considérée comme une antidépresseur et prescrite sur ordonnance médicale ! Et de son côté, le célèbre phytothérapeute français Jean Valnet considérait que le millepertuis était la plus précieuse des plantes médicinales.


CUEILLETTE

Même si on cueille traditionnellement le Millepertuis juste avant le solstice d’été,  pas de panique, le Millepertuis reste en fleurs jusqu’à la fin de l’été, heureusement pour les paresseux. Début juillet est habituellement la période optimale mais c'est le stade de floraison qui sera déterminant et pas la date : il faut qu’il y ait une grande quantité de fleurs toujours en bouton, c’est là où les composants actifs seront à leur maximum (certaines fleurs seront ouvertes, cueillez-les aussi).
Veillez par contre à le cueillir loin de la dernière pluie, sinon le millepertuis sera gorgé d’eau, le matin après que la rosée se soit évaporée.

Munissez-vous d'un bon sécateur et rassemblez les tiges fleuries en un petit fagot, et coupez 2 cm en dessous des fleurs en laissant un petit morceau de tige et quelques feuilles. Ceci permet d'en ramasser une grande quantité en un temps raisonnable. On parle souvent de l’hypéricine, mais ce n’est pas seulement une molécule qui fait l’efficacité du Millepertuis, mais plutôt une synergie de molécules, donc c’est mieux de cueillir à la fois les tiges, les feuilles et les fleurs !
Aucun risque de confusion dangereuse avec d’autres plantes : le millepertuis, avec ses  fleurs jaunes et ses étamines regroupées en 3 faisceaux, est facile à identifier. Surtout, ce qui est caractéristique : quand vous écrasez la fleur jaune entre vos doigts, ils vont se couvrir du liquide rouge qui provient de ses étamines.


Par contre, apprenez à faire la différence entre l’Hypericum perforatum et l’Hypericum maculatum :
perforatum a 2 lignes visibles sur la tige et surtout des sépales (verts, sous les pétales) pointus. Il est parfait pour préparer des alcoolatures et des infusions.
maculatum (millepertuis tacheté) a 4 lignes sur la tige qui donne une impression de tige carrée, mais qui est ronde au toucher enfaite et il a des sépales en obus : il est beaucoup mieux pour préparer la fameuse huile rouge, le macérât de millepertuis. Le coup des sépales est plus fiable comme distinction, que le coup des perforations...


Ensuite, on coupe finement le millepertuis et et on le fait sécher sur une toile moustiquaire à l'abri de la lumière et de l’humidité. Attention à la durée de séchage : pour les boutons et les fleurs encore fermées, il faut beaucoup plus longtemps car ils regorgent d'humidité, et on peut se faire piéger en pensant que tout est sec, pour voir plus tard apparaitre de la moisissure et devoir jeter le lot.


CUISINE

Le Millepertuis est peu consommé comme aliment, il offre toutefois ses feuilles crues à l'occasion. On les ajoute aux salades, ou les fleurs en décoration dans les assiettes (alors, si vous avez bien suivi, vous serez capable de déterminer : perforatum ou maculatum ??).

Dans certaines régions, les fleurs sont utilisées pour aromatiser des boissons fermentées ou fabriquer des « vins reconstituants ».
Ci-dessous une recette de vin de Millepertuis.

Vin « bonne humeur »
Ingrédients :
40 g de millepertuis (fleurs fraiches, ou coupées fraîches puis séchées)
1 litre de vin de Bordeaux ou vin blanc
2 c. à soupe de miel de châtaignier
Préparation :
Laissez le millepertuis macérer dix jours dans le vin.
Filtrez.
Sucrez avec le miel.

Mais surtout, vous pouvez fabriquer la fameuse « huile rouge » de Millepertuis, qui vous utiliserez en interne ou en externe, vous allez voir, pour ses propriétés médicinales : on fait macérer la plante quasi-fraîche dans de l’huile pendant quelques semaines, jusqu’à obtenir une huile d’un beau rouge sombre comme un jus de cerise, très caractéristique !      

Huile rouge de Millepertuis :
(on n'utilise que les fleurs dans ce cas)
On ne peut pas faire macérer la plante fraiche dans l'huile sous risque de moisissure et de fermentation. Mais afin de profiter de la quantité optimale de principes actifs, attendez que les fleurs soit quasiment sèches mais pas complètement. Elles sont froissées, fripées, presque sèches, et ont perdu la quasi totalité de leur eau.
Ensuite, placez la plante dans un grand bocal et recouvrez d'huile d'olive vierge. Laissez macérer pendant plusieurs semaines dans un endroit qui reçoit un peu de chaleur, de la lumière mais pas directement au soleil (les UVs ont la particularité de détruire beaucoup de composants actifs).
L'huile finale doit être d'un beau rouge sombre comme un jus de cerise lorsqu'on la regarde dans un endroit non exposé à la lumière directe, et rouge vif comme du sang lorsqu'on la regarde sous la lumière du soleil.


PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS

Plante solaire par excellence, le Millepertuis est une plante réchauffante et asséchante sur le plan énergétique, sans grande surprise, on dit qu’elle « réchauffe le coeur et assèche les larmes ».. De nos jours, l’association millepertuis-dépression est même devenue inévitable. Tout le monde en parle, des plus prestigieuses revues scientifiques jusqu’aux magazines féminins.


1/ Etats dépressifs :


Effectivement, le Millepertuis a une action anti-dépressive majeure, qui est reliée à une synergie de composés (hypéricine, hyperforine, mais aussi flavonoïdes, xanthones), qui vont permettre d’inhiber la recapture des 5 principaux neuromédiateurs (dopamine, noradrénaline, et surtout sérotonine), exactement comme les antidépresseurs chimiques, les fameux « inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine ».
Ainsi, de très nombreuses expériences scientifiques ont prouvé que le millepertuis est aussi efficace et sécuritaire que les molécules de synthèse pour le traitement des dépressions nerveuses légères à modérées… tout en étant très bien toléré, et avec les effets secondaires en moins !
Le millepertuis est aussi très efficace en cas de dépressions saisonnières, dûes à un manque de mélatonine : plante de plein été, le millepertuis est la plante la plus riche en mélatonine que l’on connaisse, ce qui fait qu’elle induit une sensibilité à la lumière qui rend la personne plus apte à capter les rayons du soleil et soutient ainsi les personnes fragilisées par la venue de la saison sombre.

2eme effet kiss cool de cette richesse en mélatonine : plante de plein jour, le Millepertuis est aussi une pacificatrice de la nuit,  il réharmonise le SNC et le SNA et l’alternance jour/nuit, ce qui est intéressant notamment pour les personnes qui travaillent de nuit ou en décalage horaire, qui ont des troubles chroniques du sommeil.

Enfin, le millepertuis a également un léger effet anxiolytique en jouant sur nos récepteurs à GABA, ce qui va permettre de soulager l’anxiété, l’agitation nerveuse, et les Troubles Obsessionnels compulsifs.  Il est adapté pour les traversées difficiles (psychologiquement) des périodes clés de la vie (petite enfance, adolescence, ménopause…)

Dans l’ancien temps, on disait que le Millepertuis guérit les personnes "dont une partie de l’âme a été séparée », qui ont une blessure profonde et ne s’en remettent pas : les gens qui ont des « trous » en eux ! Et en effet, le Millepertuis va être particulièrement efficace dans la première phase de la dépression nerveuse, juste après le choc émotionnel qui fait rentrer la personne dans l’état dépressif. Que ce soit un choc évident, ou la goutte d’eau qui fait déborder le vase, quand la personne alterne entre état dépressif et état normal. Après, quand la personne descend dans un état dépressif chronique et profond.avec des idées noires permanentes, la morosité, l'envie de ne rien faire, l'anxiété, tout semble s'installer de manière permanente, le millepertuis peine souvent à apporter une aide. Michel Moore, célèbre herboriste américain, recommande surtout le millepertuis quand l'état dépressif est accompagné de colère et d’une sensation de rejet ou d’échec.
Pour les états dépressifs, on fera 4 à 6 semaines de cure pour avoir un effet, et on prolonge en général pendant 3 à 6 mois avant d’entamer une baisse progressive : 3 à 6ml 3 fois par jour si alcoolature, 300mg 3 fois/jour si extrait standardisé solide.


On l’associera souvent au Pavot de Californie qui soulage les angoisses en attendant que le millepertuis produise son effet sur la cause des angoisses, la dépression.
On le préconise sous forme d’alcoolature ou d’infusion dans ce genre de cas, mais le goût un peu résineux, légèrement amer et astringent du Millepertuis n’est pas des plus agréables, on l’utilise donc plutôt en mélange. Si possible, on privilégiera tout de même l’alcoolature qui présente l’avantage d’être préparée sur une base de plante fraîche et non sèche.


On a identifié un « profil Millepertuis » chez qui la plante est particulièrement efficace : ce sont des personnes rapides à agir, à parcourir le monde, à penser, à ressentir, avec souvent une certaine tendance à maladresse car leur énergie nerveuse dépasse en général leur capacité musculaire. Ce sont souvent des enfants hyperactifs ou des adultes ayant des problèmes de concentration, qui ont besoin de stimulation permanente, toujours occupées. Il sont souvent ont souvent des sens très aigus et sont hypersensibles aux sons, à la lumière… Ils ont souvent des éruptions cutanées ou des problèmes allergiques et sont aussi TRÈS sensibles à la douleur car ils ont bcp de terminaisons nerveuses.


Mais vous allez le voir, il serait bien mal venu de réduire le millepertuis à cette simple indication : c’est une plante complexe aux multiples facettes. Au niveau nerveux, le Millepertuis soulage l’âme, mais aussi le corps !


2/ Douleurs neuropathiques :

C’est une autre des indications principales du Millepertuis : le grand Paracelse avait surnommé le Millepertuis « l’Arnica des nerfs ». Ce côté sédatif des nerfs est à rapprocher, bien évidemment de ses propriétés antidépressives :  le millepertuis relaxe les nerfs hyperactifs et hypersensibles, au niveau moral comme au niveau physique !

Si vous vous trouvez face à une situation ou les nerfs ont été endommagés, faites appel au millepertuis le plus tôt possible. D'une manière générale, le millepertuis sera utile pour toute lésion affligée à la structure d'un nerf, causant une inflammation, avec douleur qui peut être suivie le long du nerf. Une sciatique en est l'exemple typique mais le millepertuis est utile dans tous les cas de douleurs névralgiques, névralgie du trijumeau, zona, ou douleurs articulaires irradiantes.
Les herboristes américains utilisent le millepertuis pour les chocs et blessures infligées à la colonne vertébrale avec des douleurs profondes et des sensations de brûlure, les traumatismes crâniens, ainsi que pour les blessures de type perforation, accompagnées de douleurs aiguës (marché sur un clou, perforé le doigt avec une agrafe ou une écharde). Pensez à la Théorie des signatures ! On peut aussi l'utiliser pour les écrasements (doigt coincé dans une portière de voiture), notamment les extrémités (doigts, orteils) qui sont très innervées, où toute blessure créera une douleur nerveuse aigüe, parfois insupportable.
Il est aussi très efficace pour les nerfs enflammés dus à un pincement, parfois à la suite d'un mouvement brusque pour prévenir une chute ou d’un coup sur le coccyx. Rappelez-vous que le Millepertuis était connu comme le « baume du guerrier » qui soigne les blessures dues à un traumatisme : de nos jours, ça marche aussi pour une chute de skateboard !


Dans ce genre de cas, on utilise l’huile de millepertuis en externe, ou mieux encore, une alcoolature de millepertuis diluée au taux de 20%, appliquée le long du nerf douloureux, en complément d’une prise d’alcoolature en interne (de 1 à 6 ml 3 fois par jour). sur des douleurs installées et profondes, bien sûr, il faut être patient (plusieurs semaines) avant de constater un effet.


3/ Propriétés anti-inflammatoires majeures :

Pour les problèmes de peau, l'huile de millepertuis agit en tant qu'anti-inflammatoire, et est en particulier utilisée pour cicatriser les brûlures de premier degré dues à l'exposition au soleil. En Provence, l'huile rouge jouit d'une réputation méritée pour les coups de soleil. Le millepertuis calme les inflammations locales et favorise une meilleure circulation autour d'un traumatisme, aidant ainsi à réduire un œdème ou des ecchymoses, ou encore un érythème fessier. Il va adoucir la peau et la protéger en cas de crevasse, de gerçure ou d’éraflures et nourrit les peaux trop sèches. On l’utilise en externe, en massages ou en cataplasmes.
Il va être aussi très intéressant en interne, pour réparer les muqueuses enflammées, surtout quand il y a un paramètre nerveux associé (il joue alors sur les deux tableaux, inflammatoire et nerveux !) : ainsi, il soulage les troubles gastriques spasmodiques, et les ulcères gastriques ou intestinaux, ou les bronchites ou autres toux spasmodiques des enfants.


En effet, le Millepertuis a un effet « balsamique », riche en résines (rappelez-vous son odeur d’encens) très pénétrante, donc il peut atteindre les muqueuses pulmonaires pour les calmer, les désinfecter et les "resserrer" (effet astringent). Particulièrement efficace dans les cas chroniques, avec des sécrétions plus ou moins abondantes.
Dans ces cas-là, on l’utilise en interne, à la fois sous forme d’huile et de teinture, et en l’associant avec d’autres grandes plantes de la zone ORL, comme la Grande Aunée ou le Lierre terrestre.

4/ Allié immunitaire :

Le Millepertuis stimule le système immunitaire : il a une action anti-bactérienne et anti-virale. Il prévient les refroidissements hivernaux d’origine virale et aide à soutenir le nettoyage des plaies infectées.
Il est très efficace en particulier sur les virus de la famille Herpès comme l'herpès simplex : vous pouvez donc l'utiliser en prévention (dés les premières démangeaisons) ou en réparation de la peau après un bouton de fièvre (logique : le zona dont on parlait tout à l’heure est de la famille Herpès, lui aussi). Ou en cas de varicelle.
Des recherches récentes ont aussi fait état d’une action anti-rétrovirale : il a été donné à patients séropositifs avec de bons résultats, mais attention aux interactions médicamenteuses. On n’en est qu’à la première phase des recherches dans ce genre de cas…


5/ Soutien du foie :

Enfin, ou peut-être prioritairement, le millepertuis accélère la détoxification hépatique en augmentant l'action de certaines enzymes utilisées pour métaboliser médicaments, drogues, hormones, les médicaments et globalement tous les polluants de la circulation sanguine. En fait, le millepertuis reconnait molécules exogènes à l’organisme, c’est pour ça qu’il est très  intéressant pour la détoxication médicamenteuse de l’organisme, comme le Desmodium.
C’est aussi à cause de cette action sur le foie que le millepertuis va avoir un effet sur les règles douloureuses et les symptômes liés à la ménopause (bouffées de chaleur, palpitations…).
Globalement le millepertuis tonifie le plexus solaire qui supervise la digestion, ce qui fait qu’il apaise et guérit l’estomac et améliore la digestion. Son effet sur les affections du plan gastrique provient à la fois de son action anti-inflammatoire quo’n a vu plus haut et de son action digestive et hépatique.
Et cette action hépatique explique les interactions du Millepertuis avec les médicaments.


6/ Précautions :

Car il y a pas mal de précautions avec le Millepertuis !

Premièrement, attention à son effet photosensibilisant : le millepertuis peut induire une sensibilité accrue aux rayons du soleil, avec risque de brûlure, donc évitez de vous mettre au soleil moins de 6h après avoir appliqué de l’huile rouge, sinon coup de soleil assuré !
Après une prise interne, le risque de photosensibilisation concerne seulement les cas de prise prolongée et à hautes doses de comprimés standardisés en hypéricine : aucun risque de ce type avec les formes traditionnelles (alcoolatures ou infusions), donc pas d’angoisse !

C’est sur le plan des interactions médicamenteuses qu’il faut faire attention : car le millepertuis induit certains substrats qui métabolisent les médicaments d'une manière significative.
Donc si la personne prend en même temps du millepertuis et un médicament métabolisé par le substrat 3A4, le médicament sera métabolisé et donc évacué plus rapidement par le système, entrainant une quantité de médicament disponible en circulation sanguine inférieure à ce qui était prévu, donc moins efficace. Dans d’autres cas, l'effet est d'abord une diminution du métabolisme du médicament (créant des problèmes potentiels de toxicité du médicament), suivi par une augmentation du métabolisme (un effet biphasique).

Mais il s’agit d’interactions très complexes et toutes les études ne sont pas concordantes, en particulier si on utilise un composant isolé ou la totalité de la plante. Il faut donc faire preuve de prudence dès qu'il y a co-administration de millepertuis et de médicaments. Consultez votre médecin ou pharmacien avant de prendre la décision.
En particulier, le Millepertuis ne doit pas être associé aux antidépresseurs car il agit sur le même mécanisme. En les prenant simultanément, on va majorer les effets secondaires des médicaments, au risque de les rendre toxiques. Par ailleurs, le millepertuis stimule la dégradation de certains médicaments par le foie, diminuant leur efficacité. A contrario, si on l’arrête, le dosage des médicaments peut devenir excessif.

De même, on parle aussi beaucoup du fait que le millepertuis peut diminuer l'efficacité de la pilule contraceptive. Cette interaction reste largement théorique basée sur l'induction du métabolisme de l'estrogène et de la progestine par le millepertuis. Malgré les bruits qui courent, les cas documentés de conceptions accidentelles sont anecdotiques, et les données provenant de la littérature scientifique sont non conclusives(12). Bref, personnellement, je ne connais pas de « Bébé Millepertuis », mais dans le doute, il vaut mieux là encore rester prudent, en particulier dans les cas de pilules faiblement dosées.

On évite le Millepertuis en cas de maladies du spectre du trouble bipolaire, là c'est clairement un travail du ressort de la psychiatrie. A arrêter aussi au moins une semaine avant toute intervention chirurgicale.

Seule la thérapie par les élixirs floraux ne présente aucun risque car elle soigne de manière homéopathique, au niveau énergétique. Par conséquent, vous pouvez utiliser cette méthode pour inviter l'énergie du millepertuis dans votre vie.


SYMBOLISME

La symbolique liée au Millepertuis est celle de la Lumière, bien sûr, mais aussi du pardon et de l’oubli !

Discret et broussailleux, avec son air de ne pas y toucher, le Millepertuis perforé est pourtant l’esprit de la lumière, le voleur de soleil : la grande herboriste américaine Maïa Toll dit du millepertuis qu’il « sait comment dérober la chaleur du soleil au solstice d'été, la retenir dans ses fleurs et la faire durer tout l'hiver. C'est son tour de magie le plus abouti : apporter de la lumière et de la chaleur dans vos ténèbres en contribuant à recréer les bords des synapses électriques qui s'allument et de l'énergie qui se déplace ». Le Millepertuis fait pénétrer cette lumière jusque dans notre âme pour nous apporter cette nourriture du corps et de l’esprit et dissiper l’obscurité jusqu'au plus profond de notre être pour montrer l'éclat qui peut être le nôtre.

Il est aussi un symbole de pardon : il nous rappelle d'être doux avec nous-même et de diminuer nos exigences, de nous pardonner à nous-mêmes pour oublier et guérir nos vieilles blessures, accroître notre énergie et la motivation nécessaires pour sortir de l'obscurité et nous permettre de rayonner à notre tour.

Alors, faites appel au millepertuis quand vous avez besoin d'une gorgée de soleil pour trouver votre lumière dans la nuit…