L’AUBÉPINE : la plante des coeurs brisés

L’AUBÉPINE : la plante des coeurs brisés

L’Aubépine est un grand buisson épineux que l’on trouve en suffisance dans nos régions tempérées, en particulier là où l’agriculture intensive n’a pas encore totalement éradiqué les haies bocagères... Dans nos jardins, c’est aussi un refuge apprécié aux oiseaux et petits mammifères. Ses fleurs, très mellifères, se transforment en petits fruits rouges très appréciés des oiseaux et qui s’utilisent aussi en cuisine, et pour couronner le tout, c’est une grande plante médicinale qui soigne les coeurs brisés, au physique comme au moral…


BOTANIQUE

L'aubépine est un arbre buissonnant que l'on trouve dans la plupart des régions de France. De son nom scientifique Crataegus monogyna ou oxyacantha, l'aubépine qui fait partie de la grande famille des Rosacées, a bien d’autres noms populaires : on l’appelle épine blanche, noble épine,  bois de mai ou épine de mai, valériane du cœur, poire d’oiseau, senellier, épinette, ou encore… bonnet de nuit !

On l’appelle aussi Bois de Marie, cette dernière ayant toujours été glorifiée durant le mois de mai, période ou l’arbuste explose d’une floraison immaculée). Le nom « crataegus » est dérivé du grec « cratos » qui signifie « résistant » (le bois d’aubépine servait autrefois à tailler les billots des suppliciés). Le nom « oxyacantha » vient de « oxus : aigü » et « akantha : épine ».

Effectivement, l’Aubépine, originaire d'Asie, est un arbuste ayant un aspect épineux contenant des fleurs blanches et des baies de couleur rouge vif. Très commun en Europe et en Afrique du Nord, l’aubépine s’est aussi naturalisée en Amérique du Nord. C’est en général un arbrisseau de 2 à 5 m de haut, épineux donc, et très rameux. Il perd ses feuilles en hiver pour ne garder qu'un réseau intriqué de branches et d'épines menaçantes. L’aubépine pousse lentement mais offre une bonne rusticité résistant à des températures de - 20 °C.


Au printemps, les fleurs blanches explosent avec abondance : on reconnaît les espèces en fonction du nombre de styles (la tige reliée à l’ovaire de la fleur) qu’elle contient : Monogyna
possède un seul carpelle, Oxyacantha deux ou trois.
Les fleurs de Monogyna vous assurent une odeur agréable à la floraison, alors que celle de Oxyacantha est difficile à ignorer : odeur d’aisselles ou de poisson, au choix (à cause de sa teneur en triméthyline). Mais les espèces de Crataegus s’hybrident facilement et il est souvent difficile de faire la détermination exacte d’une espèce…


Alors, bien sûr, cette odeur, bien que désagréable pour la plupart des gens, a sa raison d’être : elle est faite pour attirer les pollinisateurs ailés, qui favoriseront ainsi la fécondation croisée et permettront de brasser les gènes des individus.
Dans l’Antiquité, on disait que l’odeur de l’Aubépine avait pour origine… l’enfant Jésus ! Lors de la fuite en Égypte, Marie s’arrêta auprès d’un bosquet d’aubépine fleurie et en profita pour changer les langes du petit Jésus qu’elle mit à sécher sur ses rameaux épineux. Du coup, les fleurs de l’arbrisseau s’imprégnèrent de l’odeur puissante et douce de l’urine divine, caractère qu’elles ont conservé à ce jour. Celle-là, elle m’a bien fait rire...

A l’automne, l’arbuste se couvre de petits fruits rouges, appelés drupes ou cenelles, qui donnent au buisson une apparence complètement différente. C’est à ce stade qui’l es le plus facile de différencier les espèces : en regardant le nombre de graines que contient le fruit, bien plus facile que de distinguer les styles… Le gout des cenelles, qui sont comestibles, est doux et plutôt fade.

L'aubépine est une plante très riche en principes actifs intéressants. Elle contient notamment des flavonoïdes qui jouent un rôle clé dans les effets cardiovasculaires de la plante. Les fleurs et feuilles en contiennent jusqu'à 1,8% et des tanins condensés (OPC) Les fleurs et feuilles en contiennent jusqu'à 2,4%(. Ce sont les fleurs qui contiennent le plus de flavonoïdes, et les feuilles qui contiennent le plus de tanins condensés. On les retrouve aussi dans les fruits mais en moindre quantité. Afin de maximiser l'efficacité de l’aubépine, on utilise donc fréquemment toutes les parties de la plante : feuilles avec morceaux de branches, fleurs et fruits.


HISTOIRE

L’Aubépine est une plante connue, utilisée et révérée par l’Homme depuis la nuit des temps.

Dans la Grèce Antique, déjà, Diodore de Sicile rapporte que les Troglodites passaient la tête de leurs morts entre les jambes, et les liaient dans cette posture avec des branches d’aubépine. En effet, on retrouve l’aubépine dans de nombreuses cérémonies de l’Antiquité : aux noces des Grecs, on portait des branches fleuries d’aubépine car la blancheur printanière des fleurs d'aubépine était reliée à Hyménée, déesse présidant aux mariages. L'arbuste passait ainsi pour attirer la prospérité et le bonheur sur les nouveaux couples et était en conséquence abondamment présent lors des noces. Les épouses étaient couronnées de ses fleurs, des torches faites de son bois brûlaient sur l'autel du mariage et chaque invité portait un rameau de la plante durant le repas de noces.


Sur le plan médicinal, l'aubépine était connue des médecins antiques depuis au moins l’an 100 de notre ère : les Grecs l’utilisait comme diurétique et pour soigner les calculs rénaux., Les sommités fleuries d’aubépine étaient également employées en Médecine Traditionnelle Chinoise depuis environ 650 ans avant notre ère, notamment pour traiter les troubles cardiovasculaires.

A Rome aussi, c’était de bois d'aubépine qu'étaient faits les flambeaux que devait porter le jeune Romain pour guider sa jeune épouse vers la chambre nuptiale (usage qui, selon Pline, remontait aux premiers temps de cette ville, car l'enlèvement des Sabines avait eu lieu à la clarté des flambeaux de cette espèce). La puissance protectrice de l'aubépine était aussi invoquée à Rome pour éviter aux nouveau-nés les maladies et les influences néfastes : à cet effet, ils nouaient de petits rameaux d'aubépine au berceau des enfants.

Certaines de ces croyances survécurent aux païens, d'autant plus que l'arbrisseau joue un rôle important du côté des Chrétiens aussi. En effet, ils virent dans cet arbuste le symbole de la pureté qu'ils attribuaient au Christ et à la Vierge et l’aubépine est abondamment citée dans les textes :
pour les uns, le célèbre "buisson ardent", où Dieu apparut à Moïse sur le monte Horeb, ne serait qu'une variété d'aubépine ;
pour les autres, la couronne du Christ aurait été confectionnée par les épines de la plante. On dit que depuis, l'arbrisseau soupire et gémit tous les vendredis saints…  et que même la foudre respecte l'arbuste qui a touché le front du Christ, et l'épargne toujours.

Ainsi, du côté des païens comme des chrétiens, on voit que l’Aubépine eut toujours bonne réputation, des effets bénéfiques et protecteurs. Qui porte un morceau de rameau d'aubépine sur soi sera gai et chanceux. C’est aussi pourquoi, au Moyen-Age, on pensait qu'arracher un buisson d'aubépine portait malheur et dans le sud-est de la France, même lorsqu'on se pique à ses branches, il ne fallait pas insulter le "buisson blanc", considéré comme sacré et symbole d'innocence et de pureté.

Chez les Celtes, aussi, l’Aubépine est l'arbuste sacré des fées. Elle fait partie des trois « arbres féeriques » que révéraient les anciens Bretons : Chêne, Frêne, Aubépine. Là où ces trois arbres croissent ensemble, disaient-ils, on est sûr d'assister, au crépuscule, à des manifestations surnaturelles… D’ailleurs, c’est dans un buisson d’Aubépine que la Fée Viviane a emprisonné l’enchanteur Merlin, autrefois…
En Irlande et en Écosse, l’aubépine était si sacrée qu'il ne fallait surtout pas la couper, sous peine de connaître une année de malchance. Voilà pourquoi ils faisaient couper sous peine de connaître une année entière de malchance. Voilà pourquoi ils faisaient venir des travailleurs pauvres et éloignés pour tailler les haies où poussaient des aubépines.
Les Irlandais en particulier, ont toujours éprouvé une affection particulière pour l'aubépine. Au XII et XIIIe siècles, un tel arbuste se développant isolément aux abords d'un ruisseau attestait à leur yeux de la présence de fées : la croyance s'est ensuite étendue à chaque aubépine du pays, ce qui n’a pas facilité la tâche à l'administration plus tard, quand il a fallu tracer de nouvelles routes et s’exposer à la colère des paysans qui ne voulaient pas que l’on détruise les pieds d’aubépine.
C’est aussi à cause de l’Aubépine que les Irlandais vénéraient le Rouge-gorge car il est dit qu'en cassant avec son bec une épine de la couronne de Jésus, un peu de sang lui a taché la poitrine…

Au Moyen Age on pensait que tout jardin de sorcière avait sa haie d’Aubépines, arbre magique, mais que, à l'approche des inquisiteurs, cette bordure révélatrice avait la faculté magique de se transformer en une innocente haie de ronces ou de groseilliers.
C’est aussi une plante reliée à la chevalerie : le croisé à la veille de partir en Terre sainte offrait à la dame de ses pensées un rameau d'aubépine, lié à un ruban de velours rouge, comme gage d'espérance et de fidélité.
En Angleterre, on apportait en procession à Noël une branche de l'aubépine de Glastonbury, que l'on prétendait descendre en ligne droite de Joseph d’Arimathie, qui avait enseveli Jésus et qui avait, selon la légende, fait jaillir de son bâton planté dans le sol une aubépine en fleur, la veille de Noël.
Une autre légende célèbre parle de la floraison de l’Aubépine : on prétend que le lendemain de la Saint-Barthélemy (le 25 aout), on vit une Aubépine fleurie au cimetière des Innocents. Ce phénomène de floraison hors saison fut interprété comme le signe muet mais visible d'un reproche envers le roi génocide, la blancheur de la floraison symbolisant l'innocence des pauvres victimes…

Au Moyen-Âge, en Europe, l’Aubépine représenta aussi la renaissance de la vie et la fertilité : des branches d'aubépine étaient attachées sur les mâts de cocagne, lors des fêtes de printemps. Une de ces coutumes subsista à Bordeaux jusqu'aux environs de 1870 : pour couronner le mois de Mai, on suspendait d'immenses couronnes d'Aubépine au-dessus des rues. On les illuminait le soir avec des verres de diverses couleurs, et les Bordelais envahissaient les boulevards ainsi décorés pour y danser rondes et farandoles.

Partout en Europe, l’Aubépine est reconnue comme une plante magique et protectrice : les paysans du Languedoc accrochaient une branche d’Aubépine sous le ventre de leurs bœufs afin qu'aucun sort ne puisse les atteindre, les bergers du Berry et de Champagne en portaient sur eux en amulette pour écarter les esprits malins et les rameaux posés sur le seuil de sa maison remplissaient une fonction identique.
Les marins, eux aussi vouaient un si grand respect à l'aubépine qu'il refusait de l'utiliser pour la construction d'un bateau. Selon les habitants de Guernesey, quiconque outrepassait cette règle ne pouvait que s'en prendre à lui-même si son navire subissait des dégâts ou coulait au fond de l'océan. Par contre, la fixation d'une branche d'aubépine à la proue de son bateau de pêche était en revanche de bon augure et les Marseillais espéraient s'assurer ainsi de bonnes prises.

Au Moyen Age, l’Aubépine est aussi reconnue pour ses propriétés médicinales : notamment pour traiter les calculs rénaux et vésicaux.
Mais ce  n’est qu’au début du XXe siècle que l’on a commencé à étudier sérieusement les propriétés thérapeutiques de l’aubépine. Aujourd’hui, la plante connaît une grande vogue en Europe, notamment en Allemagne, en Autriche et en Suisse, où elle entre dans la composition de plus de 200 préparations médicinales. Elle fait aujourd’hui partie des pharmacopées officielles de la Chine, de l’Europe, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la France.


CUEILLETTE

Avant de vous lancer, pensez à enfiler des gants épais pour ne pas vous blesser aux épines, c’est indispensable, et encore, les épines passent souvent au travers. La cueillette des fleurs (avril-mai) ou des sommités fleuries s’effectue au début de la floraison, lorsque les fleurs sont en boutons ou à peine écloses, sinon les pétales se détacheront au séchage. Vous pouvez attraper une branche à sa base et tirer vers l'extrémité, enlevant au passage feuilles, bouquets de fleurs et branchettes, puisque toutes les parties aériennes de la plante sont intéressantes.


Si vous souhaitez profiter toute l’année de la tisane d’aubépine, séchez-la aussitôt, de préférence à l’ombre à une température ­inférieure à 35 °C, sur une grille. Bien sûr, une fois sèches, les feuilles et fleurs doivent garder leur couleur d’origine, même si les fleurs jauniront un peu avec le temps, c'est normal.


Les fruits se récoltent à l’automne, en septembre-octobre, lorsqu’ils sont d'un beau rouge vif, qui va un peu se foncer au séchage, et ils se flétriront légèrement tout en durcissant.  On dit qu’il est préférable d'attendre les premières gelées pour les ramasser, pour qu’elles ne soient pas trop dures. Conservez le tout dans des bocaux hermétiques pour les conserver le plus longtemps possible à l'abri de l’humidité.



CUISINE

L’Aubépine a peu d’utilisation en cuisine, à part en liqueur, le fameux « Vin d’Aubépine », très commun en Vendée, dont voici la recette, toute simple, ci-dessous.

Recette du vin d’aubépine ou « Épine » :
Ingrédients :
100 g de jeunes pousses d’aubépine
Un litre de bon vin rouge
200 g de sucre
Un verre d’eau de vie
Préparation :
Cuire les tiges et le vin pendant 10 minutes
Faire un sirop froid avec le sucre et l’alcool
A froid, mélanger les deux et laisser macérer deux semaines
Filtrer et mettre en bouteilles.

Les fleurs d’aubépine peuvent être dégustées dans une salade de fruits par exemple.
On peut aussi utiliser les fruits de l’aubépine, les « cenelles » pour en faire des confitures : les cenelles crues ont un goût farineux et insipide donc ce n’est pas fou-fou, mais après cuisson avec du sucre et un passage à la moulinette, ça donne une confiture agréable.

François Couplan, qui est actuellement l’herboriste de référence en terme de plantes sauvages comestibles, propose une recette de dessert à l’aubépine, noisette et pomme absolument délicieuse, que voici ci-dessous.



Ramequins d’aubépine au caramel par François Couplan :
Ingrédients :
1 petit saladier de fruits d’aubépine •   1/2 l d’eau • 100 g de sucre • 1 dl de lait de riz • 50 g  de noisettes entières • 2 pommes • 1 citron.

Préparation :
1. Faites cuire les fruits d’aubépine dans de l’eau.
2. Passez au moulin à légumes et récupérez la pulpe.
3. Préparez un caramel avec le sucre.
4. Arrêtez-le avec le lait de riz (attention aux éclaboussures)
5. Faites griller les noisettes et concassez-les.
6. Épluchez les pommes et coupez-les en tranches fines.
7. Râpez le zeste du citron.
8. Versez la purée d’aubépine dans des ramequins.
9. Recouvrez chacun de caramel, ajoutez quelques tranches de pommes, des noisettes grillées et saupoudrez de zeste de citron.



PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS

L’Aubépine est une grande médicinale, dont la particularité est qu’elle peut être utilisée sans souci sur de longues périodes : son action est souvent très lente à se faire sentir, mais elle dure en revanche très longtemps, même après l’arrêt du traitement. Et sans effet secondaire, car elle n’apporte aucun effet indésirable !

L’Aubépine est est une des plantes du coeur les plus connues et les plus respectées : c’est ce qu’on appelle en herboristerie « la plante des coeurs brisés », au physique comme au mental, car elle répare le coeur, qui se nourrit de sang mais aussi de sentiments.


Elle a une action régulatrice et sédative, qui lui vaut son surnom de « Valériane du coeur », mais contrairement aux autres plantes traditionnellement utilisées pour le coeur, elle travaille de manière multidimensionnelle, ce qui amène le plus de résultats dans une grande variété de cas.
Je veux dire par là que les autres plantes tirent principalement leur effet de molécules stéroïdes très puissantes, mais parfois délicates à doser, qu’on appelle les glycosides cardiaques. On en trouve dans la digitale ou le muguet, par exemple.
L’Aubépine, elle, agit différemment, de manière beaucoup plus subtile, au travers d’une multitude de composants, notamment (mais pas que !) ses flavonoïdes, qui augmentent le flux sanguin vers le coeur et dilatent les artères coronaires : le coeur est mieux nourri, et plus facilement irrigué.

Mais au-delà de ces propriétés tonicardiaques qui améliorent la force de contraction du coeur et qui renforcent les coeurs fragiles, l’aubépine est aussi un sédatif cardiaque doux : elle harmonise le rythme en réduisant en même temps la fréquence des ­contractions : ainsi, au lieu de manipuler et de forcer l’organisme comme les autres plantes du coeur, elle nourrit et régénère tout en douceur. Mais attention : elle ne produit pas ses effets immédiatement, par contre : en général, les symptômes type essoufflement et palpitations diminuent progressivement au cours du traitement. C’est une grande régulatrice qui travaille tout en finesse.

Cela fait de l’Aubépine la plante idéale pour accompagner la personne âgée qui souffre de petites faiblesses cardiaques, ou bien chez les patients souffrant de dégénération (insuffisance) du muscle cardiaque. Son effet cardio-protecteur est particulièrement intéressant chez les personnes qui ont une faiblesse du myocarde après une maladie infectieuse ou encore en convalescence après un infarctus : c’est une des principales plantes de soutien, dans ce genre de cas. On la conseille aussi en cas de maladies affectant l'artère coronaire, ou pour calmer les symptômes de l'angine de poitrine.

Comme elle normalise les battements cardiaques, l’Aubépine est aussi recommandée pour atténuer la perception exagérée des battements cardiaques et des palpitations lorsqu'aucune maladie cardiaque n'a été diagnostiquée, chez des personnes anxieuses et très nerveuses. C’est une anti-arythmique large. On l’emploie alors souvent en association avec de la passiflore et de la valériane.

L’aubépine a été très étudiée, on a de nombreuses études cliniques (sur l’homme) qui ont aussi démontré une activité antihypertensive, particulièrement efficace si d’origine nerveuse (résultant de plusieurs mécanismes synergiques dont un effet bêtabloquant). Le fameux herboriste américain Michael Moore la recommande particulièrement lorsque la pression artérielle diastolique est élevée et trop rapprochée de la systolique, un signe que les artères ont perdu leur élasticité.

Les sommités fleuries d’aubépine ont aussi une forte ­activité antioxydante (flavonoïdes) et anti-inflammatoire (triterpènes) : les études montrent que l'aubépine empêche l'oxydation de certains dépôts sur nos parois artérielles mais aussi qu’elle renforce la matrice de collagène de nos artères, s'assurant donc que la structure même des artères est en bon état. Il est logique de penser que la plante stabilise le collagène ailleurs dans notre corps, agissant donc comme plante anti-vieillissement des tissus de manière globale.

C’est aussi ce qui expliquerait l’effet protecteur de l’aubépine sur les tissus nerveux, et son effet sur la réduction des taux sanguins de cholestérol, de triglycérides et de glucose. L'aubépine aide à ramener les taux de LDL et de HDL à des niveaux acceptables. En général, on l’associe avec de l’ail et de l’olivier quand on veut accompagner des problèmes d’artériosclérose, par exemple.

Parallèlement, la plante est calmante pour le système sympathique : c’est une bonne sédative du système nerveux central (grâce à ses proanthocyanidols), et antispasmodique du système nerveux autonome, elle travaille sur les deux !
Elle lève les spasmes, apaise l’irritabilité et les tensions du tempérament « sanguin » avec une conséquence directe sur la ­qualité du sommeil. L’aubépine est particulièrement efficace pour les troubles du sommeil chez les sujets hyper émotifs, anxieux ou surmenés et souffrant de sensation d’oppression respiratoire. On l’associe souvent à la Passiflore dans ce genre de cas.

En fait, elle aide à surmonter le stress intense, qui pèse sur le cœur mental, elle adoucit la douleur occasionnée par une séparation, par un chagrin d'amour, un deuil : c’est une plante rafraichissante qui calme aussi les esprits enflammés et nerveux (n’oublions pas que c’est une rosacée…).


La relation entre stress, problèmes psychologiques et problèmes cardiovasculaires est complexe, mais bien connue (le stress altère le fonctionnement de l'axe hypothalamus-glandes surrénales, qui provoque des dysfonctions de l'endothélium, avec inflammation et états prothrombiques (favorise la formation de caillots). Ce lien est aujourd'hui reconnu par les cardiologues.).
A l'inverse, les états de stress et de dépression peuvent, au long terme, favoriser le développement des pathologies cardiaques. LL'aubépine peut agir au niveau psychologique chez la personne qui a le coeur brisé par certains évènements de sa vie. Lorsque la personne exprime clairement et verbalement le fait que "cet évènement" ou "cette personne m'a brisé le cœur", pensez à l'aubépine, qui peut être ajoutée aux formulations (infusions, teintures ou autre).


Les meilleurs résultats sont obtenus en employant le totum de la plante, c'est-à-dire un mélange de feuilles, pointe de branches, fleurs et fruits : l’alcoolature donne donc un peu plus de flexibilité pour la préparation du totum, mais l'aubépine est une plante qui se consomme aussi très bien en infusion, car elle garde bien ses propriétés au séchage.


Quelques exemples d’utilisation de l’alcoolature :
- Troubles cardio-vasculaires (palpitations, hypertension ) : 30 à 40 gouttes dans de l’eau, 2 à 3 fois par jour, avant ou hors des repas. On peut l’associer à l’allopathie avec l’accord du médecin.
- Nervosité, irritabilité, émotivité, spasmes (digestifs ou autres) dus au stress : 20 à 30 gouttes, 2 à 3 fois par jour. L'aubépine est particulièrement recommandée par Matthieu Wood, célèbre herboriste américain, chez l'enfant ou l'adulte agité, toujours en mouvement, de nature "chaude", et qui a du mal à se calmer et à s'asseoir en classe, au travail ou à la maison pour se concentrer sur une tache. L'aubépine est de nature rafraîchissante pour ces états d’excitation. Vous pouvez utiliser l’aubépine d'une manière générique dans les cas de stress ou d'anxiété, surtout si c’est associé à des troubles cardiaques, qu’ils soient physiologiques (palpitations, pouls rapide ou irrégulier) ou psychologiques (cœur brisé).
- Insomnies, bouffées de chaleur nocturnes : 30 gouttes 1 h 30 avant le coucher, puis 50 gouttes au coucher. L’Aubépine a toute sa place dans une formulation pour le sommeil, mais elle joue un rôle d’accompagnateur, pour détendre la personne et préparer à une meilleure nuit de sommeil. Si vous désirez un effet plus sédatif, il faudra l'associer, par exemple, à l'escholtzia (Eschscholtzia californica), la passiflore (Passiflora incarnata) ou le houblon (Humulus lupulus).
- Syndrome métabolique (cholestérol, diabète non insulinodépendant) : 30 gouttes, 3 fois par jour, avant les repas. À chaque fois, faites des cures de trois semaines avec un arrêt d’une semaine.


Pour l’utilisation en tisane :
Qu’elles soient fraîches ou sèches, les sommités fleuries donnent une tisane très agréable à boire et efficace  : prévoyez 1 cuillère à café bombée par tasse (environ 150 ml) d’eau frémissante ; laissez ­­infuser 10  minutes avant de filtrer. Buvez 2 à 3 tasses par jour, dont une au coucher.
Les tisanes de fruits séchés sont utiles, quant à elles, contre les diarrhées et les maux de gorge. Faites une décoction de 5 minutes ou une infusion longue de 20 minutes avec 1 cuillère à soupe de fruits par tasse d’eau bouillante. Buvez 2 à 3 tasses par jour.


En externe :
Elle s'utilise en gargarismes pour les maux de gorge. Il en faut 10 g pour un litre d'eau bouillante, qu'on laissera infuser dix minutes. Elle est aussi recommandée pour les peaux sèches, fragiles et dévitalisées, sous forme de lotion ou d’hydrolat.

Précautions d’emploi :
L’aubépine est à éviter en cas d’hypotension. D’autre part, à doses exagérées, elle peut entraîner une fatigue mineure, quelques troubles digestifs bénins ou de légères allergies cutanées, et déprimer le système nerveux central. Mais en diminuant le dosage, les effets sont réversibles et  disparaissent rapidement.
Par contre, l’aubépine présente des opportunités d'interactions positives et bénéfiques avec les traitements conventionnels pour le coeur : les études démontrent toutes que la prise d’extraits d’aubépine en complément d’un traitement médical classique (diurétiques ou inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine) améliore la résistance à l’effort et soulage l’hypertension artérielle, l’essoufflement anormal au moindre effort et la fatigabilité. De plus, les extraits normalisés d’aubépine sont très sécuritaires et interagissent de façon bénéfique avec les médicaments (toujours demander une supervision médicale, malgré tout).


SYMBOLISME

L’aubépine est à la fois emblème de la résistance ou la prudence, de l’espérance et de l’amour, bien sûr !

Grâce aux épines de ses branches et à la dureté de son bois, l'aubépine symbole de force et de résistance, s'est vu attribuer un pouvoir défensif contre les forces du mal. L’Aubépine nous apprend à nous défendre contre toute intrusion intempestive dans votre territoire. Et, en contrepartie... à ne pas empiéter sur celui d'autrui, par inadvertance ou par négligence. Elle nous apprend le respect du territoire : pour retrouver du discernement et un espace personnel, il est bon de se faire aider par l'Aubépine, afin de faire respecter son territoire et sa propre personne. Elle nous apprend ainsi à prendre en compte notre coeur spirituel, pour éviter de rendre malade le coeur physique…

* La douce odeur que répandent dans les premiers jours du mois de mai les fleurs de l'aubépine nous a fait oublier que cette plante était armée d'épines . Cette fleur est une de celles dont nous aimons à orner nos appartements, pour célébrer le retour du printemps. Elle est alors pour nous le symbole de l'espérance, car elle nous annonce que l'hiver a tout à fait fui devant les rayons bienfaisants du soleil. La floraison de l'aubépine annonce la fin de l'hiver. C'est au mois de mai que cet arbuste se pare de ses fleurs qui, en embaumant l'air, annoncent que les frimas se sont éloignés.


* L'aubépine porte un message d'amour. Elle nous aide à écouter nos propres sentiments. Elle ouvre notre cœur, l'encourageant à ressentir l'amour et à l'exprimer. Elle nous conduit à oublier la peur et renforce notre sentiment de sécurité. Elle nous apprend à gérer nos déceptions et nos vieilles blessures, et à regarder les événements avec les yeux de l'amour. Un cœur ouvert est sensible à l'intuition. Il permet une bonne vision des choses, ce qui favorise de nouvelles perspectives. En tant qu’arbre du cœur, l’aubépine nous aide à nous recentrer au plus profond de nous-mêmes, dans notre cœur secret : elle nous appelle à retrouver la dimension de l’amour et de la paix, en transcendant nos dualités, comme elle, qui porte à la fois le piquant de ses épines et le renouveau du printemps avec sa floraison immaculée...