On ne présente plus la Vigne, cette plante imprégnée d’histoire, qui accompagne l’Homme depuis des millénaires : elle est présente sur toute la planète, et le vin que l’on produit à partir de ses fruits est la plus célèbre des boissons.
Mais savez-vous que la Vigne nous offre aussi une multitude de bienfaits sur le plan médicinal ? Ses feuilles, ses bourgeons et ses fruits sont très riches en principes actifs, notamment pour améliorer les troubles circulatoires ou veineux, et on peut tirer tout autant avantage, voire plus !, à boire une infusion de feuilles de vigne, qu’à boire un verre de vin…
Aujourd'hui, nous allons donc vous parler de :BotaniqueHistoireCulture et cueilletteCuisinePropriétés et utilisationsSymbolisme
BOTANIQUE
La Vigne appartient à la famille des Vitacées.
Bien sûr, il n’y a pas une mais des Vignes : la vigne domestique provient d'une vigne sauvage (Lambrusque) dont les rameaux grimpants peuvent atteindre une trentaine de mètres.
Ces Vignes domestiquées sont du genre Vitis et la principale espèce cultivée est la Vitis vinifera, littéralement « Vigne à vin » (comme quoi, la Vigne et son produit ont de tout temps été indissociables).
Elle est également appelée Vigne à raisin, Vigne des Teinturiers, Lambrunche, Pampre, Vugne, selon les régions et les variétés (qui sont appelées des cépages, en oenologie).
Celle qui nous intéresse le plus sur le plan médicinal est la variété Vitis vinifera « tinctoria », à raisin noir et pupe rouge, qui fait donc partie des Vignes dont on tire le raisin de table et la vin..
Attention à ne pas confondre la Vigne domestiquée et sa variété tinctoriale avec la Vigne vierge : celle-ci fait bien partie de la grande famille des Vitacées, mais elle appartient au genre Parthenocissus, pas Vitis ! Ce n’est donc pas une vigne à raisin. Toutefois, on l’utilise beaucoup en gemmothérapie, notamment à la Vigne vierge à 3 pointes (Parthenocissus tricuspidata).
Revenons à notre Vigne : c’est une plante vivace qui relève du type biologique des lianes, aussi appelées des sarments. C’est un arbrisseau ligneux (qui produit du bois), dont les tiges peuvent atteindre 20 m de long et jusque’à 30 cm de diamètre, et dont le feuillage disparait généralement en hiver.
Elles s'attachent à des supports par des vrilles, leurs tiges/sarments ligneux pouvant atteindre une grande longueur et grimper sur plusieurs mètres. Les feuilles sont palmatilobées, c’est-à-dire qu’elles ressemblent un peu à une main humaines, avec 5 à 7 lobes nervurés. On ne présente pas le raisin, son fruit, qui sert à fabriquer le vin et à régaler les gourmands au dessert…
La vigne régnait sur la terre avant même l'arrivée des premiers hommes où elle se plaisait en lisière des forêts, il y a soixante-cinq millions d’années. On pense qu’elle provient de l’Asie mais les recherches montrent que la plante sauvage avait une aire de développement extrêmement vaste, du Sud de l’Europe jusqu’au Japon !
S'accrochant d'elle-même aux arbres grâce à ses vrilles, la vigne donne beaucoup de fruits, même lorsqu'elle n'est ni taillée ni cultivée. Elle attira donc certainement très tôt l'attention des hommes, et elle fut rapidement cultivée sur tout le pourtour de la Méditerranée, puis elle a migré sur le continent américain.
Aujourd’hui, il n'est pas un continent où elle ne se soit installée et cultivée, à la place d’honneur.
Elle est employée comme plante médicinale depuis très longtemps aussi, car les feuille de vigne rouge contiennent de nombreux principes actifs aux propriétés médicinales intéressantes, notamment des tanins, des polyphénols (dont le Resvératrol), et des flavonoïdes, dont la Quercétine et les fameux Oligomères ProCyanidoliques ou OPC.
Par le passé, au niveau médicinal, on employait les feuilles de tout type de Vigne, car elles contiennent toutes des tanins, puis on s’est mis à utiliser exclusivement la Vigne rouge ces dernières décennies, car ses feuilles qui tournent partiellement ou totalement au rouge à l’automne démontrent sa grande concentration en flavonoïdes, plus exactement en anthocyanes, ce qui va décupler ses propriétés médicinales. Donc, à la base, on pourrait utiliser toutes les vignes cultivées sur le plan médicinal, mais on va privilégier la Vigne rouge, car sur le plan botanico-chimique, c’est la plus intéressante de toutes.
Dernier détail botanique : une variété de vigne rouge, la Vitis vinifera sylvestris , est une espèce rare et protégée, dont la récolte est strictement interdite en France.
HISTOIRE
C'est probablement en Asie Mineure que la Vigne a été domestiquée la première fois, pour la fabrication des raisins secs, mais surtout pour celle du vin !
Dès la Haute Antiquité, on trouve mention de la Vigne et du Vin, comme plante majeure dont la vie est liée à celle des hommes.
Dans la Bible, on parle de la Vigne dès la Genèse, et à de nombreuses reprises : on y fait référence notamment comme premiers vêtements d’Adam et Ève. Puis, après le Déluge, Noé est mentionné comme le premier à avoir cultivé la Vigne et à en tirer du vin, et… à s’être enivré, car il n’en connaissait pas les effets !
Une légende talmudique dit que le « jus de vigne » soûle depuis que le diable s'en est mêlé, car lorsque Noé plantait sa vigne, le diable lui demanda qu'elle en était l'utilité : "Le fruit en est bon et doux, répondit Noé, le vin qu'on en extrait réjouit le cœur de l'homme, - Travaillons de moitié", dit le diable. Il alla chercher un agneau, un lion, un porc et un singe, les égorgea sur place et arrosa le sol de leur sang mélangé. C'est pourquoi, si l'homme mange du fruit de la vigne, il est doux et bon comme un agneau ; s'il boit le vin, il s'imagine être lion et malheur lui arrive. S'il boit habituellement, il devient grossier comme un porc ; s'il s'enivre, il babille, se dandine et grimace comme un singe ».
Melchisédec, roi de Salem, apporta du Vin en offrande à Abraham après sa victoire.
Plus tard, la Terre-Sainte est dépeinte par Moïse comme un pays de blé, d’orge, de figuiers, de grenadiers, et de Vignes… dont on rapporta des grappes de raisin pour prouver la fertilité de l’endroit !
En Mésopotamie aussi, on trouve très tôt trace de la Vigne dans les écrits humains, où elle est très vite considérée comme une plante sacrée, consacrée à la Déesse-Mère, « Mère-cep-de-vigne ». en Egypte aussi, l’ancienneté de la culture de la Vigne est attestée par les peintures que l'on retrouve sur les monuments archéologiques, qui représentent les différents procédés employés pour la fabrication du vin.
Si le vin a pu apparaître sitôt dans l'histoire de l'humanité, c'est qu'il naît d'un processus naturel : la peau du raisin porte des ferments, aussi appelés des levures, dont l'action se produit d'elle-même, lorsque par exemple le grain de raisin en fin de maturité s'écrase et s'ouvre sur le sol : l’Homme a rapidement appris à guider cette fermentation naturelle en foulant au pieds les grappes de raisin dès qu'elles sont mûres, pour faciliter et accélérer le processus, et à laisser s'accomplir la métamorphose dans une cuve. Ce changement de nature, qui fait entrer en effervescence le moût ne pouvait être considérée que comme une opération magique, une alchimie, dans laquelle intervenait une puissance surnaturelle. Aussi le vin a t'il partout rapidement été considéré comme d'origine divine.
En Egypte, c’est Osiris, divinité majeure du panthéon égyptien, qui est à la fois Dieu du Blé et Dieu du Vin, et qui a appris aux hommes la culture de la Vigne. Les Egyptiens prétendaient que la vigne était née du sang des géants et expliquaient ainsi la fureur que donne l’ivresse.
Puis les Egyptiens ont transmis l’art du vin, l’œnologie, aux Grecs, vers 1 700 ans avant Jésus-Christ, et les Grecs consacrent la Vigne au dieu Dyonisos. La tradition de culture de la Vigne est relativement récente par rapport à celle du Blé, et c’est pourquoi le culte de Dyonisos est beaucoup plus jeune que celui de Deméter, la très ancienne déesse du Blé. Mais, associé à la connaissance des mystères de la vie après la mort, et de la renaissance, le culte de Dyonisos a pris une importance grandissante au cours des siècles.
Pour les hommes de l’Antiquité, la Vigne était l’expression végétale de l’immortalité et on l’appelait parfois « Herbe de Vie ». D’ailleurs, le signe sumérien pour le mot Vie était ordinairement une feuille de vigne… Par extension, l’alcool était alors considéré comme un symbole de vie éternelle, d’où l’appellation « eau-de-vie » encore aujourd’hui, qui est une persistance de ces croyances archaïques.
En tant que boisson d’immortalité, le vin avait une grande importance culturelle et servait aussi à pratiquer la divination et les libations auprès des dieux, toutes religions confondues.
Pour les Grecs, le vin devint l’ objet d'un véritable culte, et l'emblème même de la civilisation.
Puis, les Grecs ont transmis l’art de la Vigne aux Romains et aux Phéniciens, qui l'ont eux-mêmes appris aux Gaulois, qui pour leur compte ont inventé les tonneaux, pour permettre la conservation du vin.
Les Romains appréciaient le vin plus encore que les Grecs, et même s’il était bu sans modération pendant les orgies, sa fabrication était chez eux régie par des règles religieuses : chaque année, les prêtres fixaient le jour où l'on devait commencer les vendanges et celui où l'on pouvait boire le vin nouveau. Chaque étape de la fabrication du vin était l’occasion d’une fête, certaines donnant lieu à d’importantes représentations théâtrales. La taille de la vigne était elle-même une obligation religieuse : il eût été impie d'offrir aux dieux une libation avec du vin provenant de vigne non taillée !
Les musulmans, en font également une plante quasi sacrée, et croient que déterrer une vigne condamne à mort la famille de son propriétaire.
L’avènement du christianisme renforça encore la valeur mystique du vin (symbole de la communion, « ceci est mon sang », miracle de Cana…) et lui donna un nouvel et définitif essor : en Gaule puis en France, la culture de la Vigne a été encouragée tout au long de l’histoire par les papes, car étroitement liée au culte chrétien (chaque monastère cultiva dans un enclos son vignoble destiné à lui fournir le vin de messe), et aussi par les rois carolingiens, car Charlemagne disposait de vignobles en Bourgogne…
Ainsi la Vigne se répandit-elle dans toute la France, propagée avec les monastères, et a vécu un grand développement au Moyen-Âge : l’hypocras est alors un vin épicé et sucré très populaire, dont le nom vient d’Hippocrate, le célèbre médecin grec.
Car les médecins ont très tôt utilisé le vin pour réaliser des vins médicinaux : l’école de Montpellier est particulièrement réputée pour la confection de ces vins, et de nombreuses recettes d’Hildegarde de Bingen, la grande herboriste du Moyen-Age, étaient préparées à base de vin, car l’eau était souvent regardée avec suspicion, à cause des risques liés à sa consommation. Le vin était alors une boisson plus sûre que l’eau, et les vins de gentiane, de sauge, d’absinthe, ou autre, étaient très réputés pour leurs qualités médicinales, pas que pour le plaisir ou la religion.
De nombreuses croyances et rituels, quasi-païens, sont aussi associés à la Vigne, qui portaient sur la culture et la taille de la vigne, sa fabrication ou encore son vieillissement. En Bretagne, pour que la vigne pousse, on buvait une bouteille de vin au moment de la planter, et, en guise d'offrande, on répandait « trois gouttes sur le pied et trois gouttes sur les racines ». L'usage d'arroser de vin le dernier cep planté se retrouvait aussi dans le Gard et en Vendée, où de surcroît on jetait dans la terre préparée pour accueillir ce cep « cent sous de monnaie de bronze ».Il y en a des dizaines dans ce goût-là !
En Gironde, les « pleurs de la vigne » (sa sève) recueillis avant l'aube étaient censés faire disparaître les taches de rousseur ; en Hollande, on croyait qu’ils faisaient repousser les cheveux….
En Irlande et en Italie, on croyait aussi à la présence de lutins farceurs et de nains malicieux qui prenaient soin de la Vigne et jouaient parfois de méchants tours aux humains. Ce sont eux qui transforment parfois le vin en vinaigre ou font disparaître des tonneaux… Dans le folklore alsacien, ces créatures magiques s’annonçaient généralement en musique et le son plus ou moins enjoué de leurs clochettes ou violon permettait de prévoir si la récolte allait être bonne ou décevante.
D’autant plus amusant que l’on a prouvé, à une date récente, que l'exposition aux sons modifie l’expression génique de la Vigne : autrement dit, les pieds soumis à une cure musicale poussent plus vite et mieux que les autres et donnent un raisin plus riche en goût. De plus, la musique désoriente et éloigne les insectes, et son usage permet une réduction drastique du recours aux pesticides ! Pas si bêtes, les lutins !!
Quant au raisin, il ne devint un fruit de table que relativement tard : les fruits de la Vigne n'étaient appréciés que pour le vin. C’est Louis XIV qui introduisit les grappes de raisin dans ses somptueux buffets.
Au fil des siècles, la Vigne a dû faire face à différentes attaques, aux hivers rigoureux, à la concurrence d'autres végétaux ou de pucerons redoutables (le fameux Phylloxera qui détruisit près de la moitié de vignes françaises au 19eme siècle), aux guerres qui laissaient les vignobles à l’abandon, mais partout où ils s'établirent, les hommes plantèrent des Vignes, encore et toujours.
La France demeure toutefois la patrie d'élection de la Vigne, non seulement à cause de la variété sans égale de ses microclimats, mais surtout parce que le vin y fut toujours considéré par le vigneron comme une créature vivante et même comme une personne aimée. Aussi l'invasion du vignoble français par une espèce de puceron, le phylloxéra, qui à partir de 1863 détruisit près de la moitié des vignes et réduisit des deux tiers la production de vin, fut-elle ressentie non seulement comme une catastrophe économique, mais comme une véritable calamité nationale. Premier producteur de vin au monde, la France détient malheureusement aussi le record absolu pour la consommation annuelle moyenne d’alcool pur et pour le nombre d’alcooliques… n’oublions pas que l'alcool présente tous les caractères d'une drogue, mais une drogue licite.
CULTURE ET CUEILLETTE
Généreuse, la Vigne offre des fruits en abondance, mais c’est une plante difficile d’entretien : son corps noueux et fragile craint les vents forts et ses pieds fragiles craignent l'humidité. C'est pourquoi, pour permettre un meilleur écoulement des eaux de pluie, on la préservera en l'installant sur des zones en pente.
Elle est plantée idéalement en automne, pour favoriser l’enracinement. C’est une plante sensible aux changements brusques de température. Certains vignerons vont jusqu'à lui offrir de petites bougies pour réchauffer ses pieds aux grands gels. La Vigne rouge apprécie les zones ensoleillées qui sont indispensables pour la production de fruits. La Vigne est aussi sensible au mildiou, aux cochenilles, aux vers de la grappe.
Si vous la plantez pour ses fruits, la taille de la vigne rouge est une étape très importante qui s’effectue de novembre à avril, en dehors des périodes de gel. Elle va avoir un impact direct sur la qualité de la récolte des raisins et le contrôle des maladies.
Bref, armez-vous de persévérance et d’attention pour cultiver votre vigne au jardin !
Si vous la plantez pour ses propriétés médicinales, assurez-vous de planter une variété Tinctoria (pas toujours facile à trouver en jardinerie), et bien sûr, évitez absolument les traitements phytosanitaires ! Vous pourrez récolter les feuilles à partir du mois d’octobre jusqu’au mois de novembre. lorsqu’elles revêtent une jolie couleur rouge, à maturation des fruits pour avoir une concentration maximale en substances colorées.
CUISINE
Il y a tellement d’utilisations et de recettes à base de raisin et de vin, que je ne vais pas m’étendre sur ce point.
Sachez juste que les feuilles s’utilisent parfois en cuisine, et sont très réputées dans la cuisine méditerranéenne (grecque, notamment) pour enrouler les aliments. Elles ont une odeur neutre, et une saveur subtile, astringente, légèrement âpre à cause de leurs tanins.
Les vrilles aussi sont mangeables et peuvent composer une jolie décoration légèrement acidulée dans vos assiettes.
PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS
Sur le plan énergétique, la Vigne rouge est considérée comme une plante légèrement refroidissante, et asséchante (ce qui est logique, puisqu’elle est astringente à cause des nombreux tanins qu’elle contient).
Les phytothérapeutes utilisent les feuilles, les fruits (le raisin) ainsi que les bourgeons et les pépins des raisins, plus rarement la sève (pleurs de la vigne).
Les principaux effets thérapeutiques de la vigne sont attribués à 4 types de composés :
- les Tanins
- la Quercétine et ses dérivés, des flavonoïdes présents notamment dans la feuille.
- les oligo-proanthocyanidines (OPC), des flavonoïdes concentrés surtout dans les pépins.
- le Resvératrol, un polyphénol qu'on trouve surtout dans la peau du raisin rouge (le vin en renferme également), et en moindre quantité dans les feuilles et les bourgeons.
1/ Action sur la sphère circulatoire :
La vigne rouge est avant tout une remarquable veinotonique car elle contient de nombreux tanins : des tanins hydrolysables qui agissent principalement par contact et des tanins condensés qui vont aussi pénétrer plus profondément via la circulation sanguine. Ces tanins resserrent les tissus et améliorent la tonicité des parois veineuses : cela en fait une grande plante de la sphère circulatoire, qui va renforcer la circulation sanguine, en particulier lorsque les veines perdent leur élasticité, leur intégrité, et que l’on utiliser avec beaucoup d’efficacité en cas d’insuffisance veineuse.
Mais l’intérêt de la Vigne rouge, en plus, ce sont ces pigments rouges, les fameux flavonoïdes, dont les « anthocyanes ». Car ils vont renforcer l’action des tanins avec une action à large spectre sur le retour veineux :
en augmentant la résistance des parois vasculaires (on dit qu’elle est protectrice vasculaire)
- et en diminuant la perméabilité capillaire, c’est-à-dire la fuite des liquides dans les membres inférieurs, en cas de mauvais retour veineux. C’est pourquoi la Vigne rouge a une activité anti-oedémateuse remarquable : elle ré-imperméablilise !
de plus, ces flavonoïdes sont de grands anti-oxydants, qui vont stabiliser la situation en protégeant le collagène qui constitue une des briques de construction du tissu veineux.
On va donc utiliser la Vigne rouge dans de nombreux troubles de la circulation sanguine : jambes lourdes, hématomes, couperose, hémorroïdes (c’est toujours une perte d’intégrité des veines, quelle que soit la localisation…). La Vigne rouge est aussi une grande plante des varices et de la prévention des phlébites… On pourra l’utiliser dans des situations aussi diverses que des voyages en avion, un syndrome prémenstruel, une insuffisance veineuse chronique, ou en cours de grossesse.
On l’utilise aussi pour freiner les saignements car la Vigne rouge a des propriétés hémostatiques, en cas de règles trop abondantes ou de saignements impromptus pendant la période de la péri-ménopause.
Diurétique, la Vigne rouge peut aussi favoriser le lissage de la cellulite et la perte de poids, en aidant à éliminer l'excès de liquide dans les tissus.
Toujours sur le plan circulatoire, la Vigne rouge est aussi réputée pour être bénéfique pour l'hypertension. Certaines recherches préliminaires suggèrent que les polyphénols et le Resvératrol de la Vigne rouge contribuent à la santé cardiovasculaire en général et réduisent la pression artérielle, par leur action vaso-modulatrice et cardio-protectrice. Le Resvératrol de la Vigne rouge est aussi étudié pour ses bienfaits anti-thrombotique (baisse le risque de caillots sanguins), radioprotecteur et anti-cancéreux potentiel.
Petit aparté physico-chimique : Vasomodulatrice signifie qu'elle régule le diamètre des vaisseaux sanguins et en favorise leur mobilité. La Vigne rouge a donc une action vaso-modulatrice : elle est constrictrice dans les veines (merci les jambes lourdes !), et dilatatrice dans les artères - ce qui aide à faire baisser la tension). Les plantes n’aiment décidément pas être réduite à une seule action, dans un sens ou dans l’autre…
Pour tous ces problèmes circulatoires, ou pourra utiliser la feuille de Vigne rouge soit en interne (infusion ou décoction courte à raison de 30 g/litre d’eau, alcoolature de bourgeons, gélules de poudre de feuilles), soit en externe : qu’on se le dise, le bain de pieds est souverain pour activer la circulation sanguine, comme en cas de poussée d’hypertension artérielle !
Recette Bain de pieds : 2 grosses poignées de feuilles de vigne rouge pour 3 litres d’eau et faire bouillir 2 minutes. Tremper les pieds dans l’infusé tiédi jusqu’au-dessus de la cheville, ajouter régulièrement de l’eau chaude pour atteindre la température d’environ 42°C et pratiquer ainsi pendant 15 minutes.
En général, pour les problèmes circulatoires, on fait des cures régulières, sur une durée de 2 à 3 semaines traditionnellement, mais la Vigne rouge est active assez rapidement et on voit souvent une amélioration au bout de 2 ou 3 jours seulement.
On peut aussi utiliser les pépins de raisin, particulièrement riches en OPC, sous forme d'extrait standardisé, et encore plus indiqués dans le traitement symptomatique des jambes lourdes, impatiences et autres troubles en rapport avec la mauvaise circulation veineuse. Mais c’est beaucoup plus cher, par contre…
Les OPC ont fait l'objet d'un grand engouement lorsque, dans les années 1980, les travaux du professeur Jacques Masquelier (d'abord au Québec, ensuite en France) ont mené à la mise au point et à la commercialisation des extraits d'écorce de pin maritime (Pycnogénol®), puis de pépins de raisin. D’autant plus que la fabrication du vin est en mesure de fournir une très grande source de matières premières, puisque le resvératrol est surtout concentré dans la peau du fruit et les OPC dans l'enveloppe du pépin. Donc la production des suppléments alimentaires permet d’utiliser des ressources auparavant considérés comme des déchets : les résidus de pressage du raisin !
2/ Au niveau de la sphère oculaire :
La vigne rouge est particulièrement réputée aussi pour son action bénéfique pour les yeux.
La sève limpide de la Vigne est un remède populaire contre les ophthalmies légères : elle est tout à fait inerte et antiseptique.
Anti-inflammatoire, protectrice vasculaire et anti-oxydante, c’est une plante qui protège la bonne santé des yeux, notamment contre l’éblouissement oculaire (200 à 300mg par jour) et en cas de rétinopathie : diverses études montrent que les OPC permettent de ralentir la progression de la rétinopathie diabétique. Avec le Resvératrol, ils contribuent aussi à prévenir la cataracte, et la dégénérescence maculaire liée à l’âge, une autre maladie des yeux.
Dans ce genre de cas, on privilégiera donc les extraits de pépins plutôt que les feuilles.
3/ Au niveau de la sphère digestive :
Anti-oxydante et protectrice, la Vigne rouge renforce l'organisme dans les cas de troubles digestifs ou hépatiques, car les polyphénols de la Vigne rouge protègent le foie contre certains constituants toxiques. On notera qu’en Médecine Traditionnelle Chinoise, la Vigne rouge est en relation avec la système veineux et le foie, justement !
Certains polyphénols que l’on retrouve dans la feuille et dans le jus de raisin régulent le métabolisme lipidique et réduisent notamment le taux de « mauvais cholestérol », mais la Vigne rouge n’est pas considérée pour autant comme une plante hypocholestérolomiante : on manque encore d’études à ce sujet…
Par ailleurs, les OPC auraient un effet protecteur contre la résistance à l'insuline, qui se manifeste souvent avec l'âge. C’est assez cohérent avec l’effet de la Vigne rouge sur les rétinopathies diabétiques dont on vient de parler, mais ces premiers résultats encourageants demandent toutefois à être confirmés par de nouvelles études…
Vu sa richesse en tanins, la Vigne rouge peut aussi servir à freiner les diarrhées, mais elle ne va pas les bloquer non plus. Mais parfois, quand il faut juste tempérer un peu les choses, quand il y a alternance de diarrhée et constipation, dans certaines formes infectieuses ou chroniques. Or, les tanins sont aussi des molécules anti-bactériennes, antivirales et antifongiques, ce qui peut être intéressant, s’il y a une infection liée. Et puis, la Vigne rouge a un gout relativement agréable et elle est facile à mélanger avec d’autres plantes en infusion.
4/ Au niveau de la sphère cutanée :
La Vigne rouge s’utilise aussi beaucoup en externe pour calmer les inflammations de la peau et des muqueuses.
Ses vertus anti-inflammatoires permettent d’apaiser la peau : l’huile de pépins de raisin n’a pas son pareil en cas de vieillissement cutané , pour nourrir une peau sèche ou hydrater une peau grasse, pour la réparation des cheveux secs ou abimés. Mais son prix peut en rebuter certains.
On peut aussi utiliser l’infusion en bain de bouche pour les inflammations des gencives, ou en gargarisme pendant une angine. Par le passé, on l’appliquait aussi pour les problèmes de couperose, car elle permet de renforcer ces petits vaisseaux qui sont enflammés ou qui éclatent.
5/ Spécificités des Bourgeons :
On a à peu près fait le tour en ce qui concerne les propriétés médicinales des feuilles, par contre, les bourgeons de Vigne ont des bienfaits beaucoup plus larges que les feuilles, comme souvent en Gemmothérapie, car les bourgeons sont des structures embryonnaires, qui contiennent l’intégralité des potentialités de la plante. On fait macérer les bourgeons frais dans un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine, qu’on utilise sous forme de gouttes à diluer dans un verre d’eau.
Et les bourgeons de Vigne rouge sont connus pour travailler particulièrement bien sur le système ostéo-articulaire !
En particulier en ce qui concerne les douleurs arthrosiques, les arthrites inflammatoires et la polyarthrite rhumatoïde, surtout s’il il y a des déformations articulaires, car il freine la formation des ostéophytes (becs de perroquet) : dans ce genre de cas, le bourgeon de Vigne rouge montrera tout son intérêt. On le conseille aussi en cas d’osteopose car ses effets anti-oxydants permettent de ralentir le processus dégénératif, donc on l’utilise en soutien.
Le bourgeon de Vigne est aussi connu pour soutenir l’organisme en cas de maladie inflammatoire du système digestif, comme la rectocolite ou la maladie de Crohn, même si ce n’est pas le bourgeon aux propriétés anti-inflammatoires les plus puissantes.
Comme il améliore la micro-circulation et décongestionne la zone pelvienne, il est aussi utilisé en cas de kyste ovarien, de fibrome ou d’endométriose, pas en plante de première intention, mais en accompagnement, là encore.
6/ Spécificités des fruits :
Les raisins sont réputés pour leurs grande valeur nutritive. Ils sont riches en glucides et reconstituants, anti-oxydants grâce à leur peau et leurs pépins riches en OPC.
Une cure de raisin est idéale pour nettoyer l’organisme, notamment en cas de goutte et de troubles cardio-rénaux : traditionnellement, on fait une cure de 10 jours à l’automne pour désintoxiquer l’organisme.
Les plantes à associer avec la Vigne rouge :
On peut bien sûr combiner la vigne rouge avec d’autres plantes de la circulation, classiquement l’achillée millefeuille, le mélilot, le noisetier, le Marronnier d’Inde, le fragon petit-houx, etc.
Les Associations les plus intéressantes sont :
En cas d’insuffisance, de jambes lourdes, de varices : le mélilot.
En cas de fragilité capillaire, de pétéchies, d’ecchymoses, d’hématomes, d’ulcères variqueux : l’hamamélis, en particulier, action renforcée !
En cas de cicatrisation après chirurgie, de troubles trophiques cutanés d’origine veinocapillaire, de lésions vasculaires post-traumatiques, d’entorses : la prêle.
En cas de vieillissement vasculaire et en prévention de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, insuffisance circulatoire cérébrale : le ginkgo biloba.
En cas d’hémorroïdes et en traitement de fond de la crise hémorroïdaire : le marron d’Inde.
7/ Précautions :
La Vigne rouge est une plante très sécuritaire, il n’y a aucune précaution particulière ou contre-indication aux doses normales d’utilisation.
En cas de sur-consommation importante, des troubles digestifs légers peuvent se produire, c’est tout, on fera donc attention aux femmes enceintes ou aux jeunes enfants, mais encore une fois, on parle de surdosage.
Il faut juste veiller à prendre la Vigne rouge loin des repas, des prises de médicaments et de compléments alimentaires car les tanins peuvent bloquer en partie l’absorption intestinale des nutriments et autres molécules (faire attention en particulier lors de la prise d’anti-coagulants, car, à haute dose, la Vigne rouge pourrait réduire leur efficacité).
SYMBOLISME
La Vigne porte énormément de symbolisme, au vu de sa vieille histoire commune avec l’Humanité, de manière toujours éminemment positive.
De tout temps utilisée pour honorer la Terre-Mère, la Vigne célèbre avant tout la VIE, la CROISSANCE et l’IMMORTALITÉ : quand on célèbre la Vigne, dans toutes les cultures, toutes les religions, on célèbre le sang des Dieux, l’énergie de vie de cette liane dont les pieds sont domestiqués mais dont l’esprit est totalement libre et part à l’aventure, cette vie végétale fragile mais audacieuse en même temps !
Alors, la Vigne nous invite à nous demander quelle énergie de vie nous mettons dans nos propres rêves et projets ? Que sommes-nous prêts à faire pour les réaliser ?
Car la Vigne est aussi un symbole de TRANSFORMATION : c’est la plante des mystères, de l’alchimie qui transforme le raisin en vin, qui nous invite à nous transformer nous aussi, en une meilleure version de nous-mêmes, à condition d’être prêt à soigner constamment notre vie, comme une vigne précieuse et délicate, dans les moindres détails, avec une attention de chaque instant, pour en recueillir les fruits.
Et cette transformation, on la célèbre dans la JOIE et l’ABONDANCE : la Vigne est intimement liée à la notion de fête, de célébration, de communion.
Avec tout ça, vous reprendrez bien une grappe de raisin en dessert ?
Références/sources :
Christophe Bernard Althea Provence
Du bon usage des plantes qui soignent de Jacques FLeurentin
Le Petit Larousse des plantes qui guérissent, de François Couplan et Gérard Debuigne
Guy Rousseau, professeur en pharmacie
Secrets d’une herboriste Marie-Antoinette Mulot
300 plantes médicinales de France et d’ailleurs, Claudine Luu, herboriste et praticienne MTC, et Annie Fournier
Luminessens