Ce mois-ci, je vais vous parler d’une de mes plantes préférées, une de celles qu’on foule aux pieds sans leur accorder un regard, alors qu’elles font partie des panacées de ce monde : le Plantain. Cette petite herbacée très commune, qu’on croise partout sous nos latitudes, est pourtant pleine de propriétés médicinales : anti-inflammatoire, anti-histaminique de premier ordre, cicatrisante, anti-démangeaisons… c’est l’amie des muqueuses et des allergiques !
Alors,envie d’en savoir plus sur le Plantain ?
Aujourd'hui, nous allons donc vous parler de :BotaniqueHistoireCulture et cueilletteCuisinePropriétés et utilisationsSymbolisme
BOTANIQUE
Le Plantain est une plante herbacée vivace rustique, originaire du bassin méditerranéen, d’Europe centrale et des régions tempérées d’Asie du Nord et centre. Très commune, elle pousse facilement partout, sur les sols calcaires ensoleillés, sur les bords de chemin, dans les terrains incultes et les prairies, ou sur les pelouses. Elle s’invite d’ailleurs souvent toute seule dans les potagers, ou les jardins.
Il existe plus de 200 espèces de Plantain, qui font partie de la famille des Plantaginacées.
et le genre est répandu un peu partout sur la planète : toutes ne sont pas utilisées par l’homme pour leurs bienfaits, mais aucune n’est toxique et elles ont pour la plupart des propriétés très proches.
Dans notre cas, nous allons nous intéresser plus particulièrement au Grand Plantain et au Plantain lancéolé, respectivement Plantago major et Plantago lanceolata, qui sont, de loin, les plus fréquemment employés en phytothérapie.
A noter que le Psyllium, ou Plantain des Indes, fait partie de la même famille, mais il a des propriétés un peu différentes et nous n’allons pas nous y intéresser aujourd’hui.
Le nom latin Plantago signifierait « plante qui agit », par allusion aux propriétés médicinales que les Romains lui attribuaient. D'autres avancent que le nom signifie plutôt « plante des pieds » par référence à la forme des feuilles de certaines espèces…
Les Plantains ont beaucoup de noms communs, en premier lieu « Herbe aux 5 coutures », mais aussi :
Herbe à la belette, Plantain des oiseaux, Serpentin pour le Grand Plantain
et Herbe de St Joseph, Lancelotte, Oreilles de lièvre, Tête noire ou Herbe charpentière pour le Plantain lancéolé.
Très apprécié des oiseaux, le Plantain mesure en général entre 10 à 60 centimètres de haut. Ses feuilles, de couleur vert clair à gris-vert, disposent de nervures saillantes se réunissant à la base de la feuille, au début du pétiole. C’est grâce à elles qu’on fait la différence entre Grand Plantain et Plantain lancéolé : le grand Plantain a des feuilles larges disposées en rosette basale, et le Plantain lancéolé a des feuilles beaucoup plus fines, en forme de « lance », qui s'élèvent en formant une couronne.
Le Plantain contient de nombreux constituants : en premier lieu des mucilages et de la pectine, mais aussi des Tanins, des Flavonoïdes, de l’acide silicilique en quantité significative, de nombreuses vitamines et minéraux, des coumarines et des iridoïdes.
Principaux constituants connus : pectine, tanins, mucilages, flavonoïdes, acide silicique, minéraux (dont calcium, magnésium et potassium), coumarines, glucosides d’iridoïdes. Plein de principes actifs intéressants, donc…
HISTOIRE
On retrouve les premières traces d’utilisation du Plantain pour ses vertus médicinales chez les Romains. en effet, dès l’Antiquité, Dioscoride et Galien connaissent et prescrivent du Plantain pour soigner leurs malades, tout comme Pline, dont c’est la plante préférée avec la Bétoine, et qui la recommande pour pas moins de 24 maladies différentes !
Chez les Gaulois, c’est une plante sacrée, autant qu’une plante médicinale, et les ophtalmologistes gaulois l’utilisaient pour soigner conjonctivites et blépharites.
La médecine arabe le connaissait aussi : elle considérait que le Plantain avait une affinité particulière avec la tête et la région génitale.
Dans la Chine ancienne, le Plantain était considéré comme un symbole de fécondité, sans doute en raison du grand nombre de ses graines. La cueillette du Plantain était censée favoriser les grossesses.
En Inde aussi, on y retrouve un caractère sacré : on considère que la pulpe de Plantain représente la Kundalini endormie dans le centre-racine, autrement dit la puissance sous la délicatesse.
Au Moyen-âge en Occident, on continue de l’utiliser : Trotula, célèbre sage-femme de l’Ecole de Salerne, au 12eme siècle, l’utilise pour ses grandes vertus en gynécologie, dit-elle dans ses écrits. Elle était aussi très appréciée de Sainte Hildegarde, la première des herboristes, qui la conseille pour divers maux.
La médecine populaire attribue à son suc le pouvoir de faire baisser la fièvre, de guérir les morsures de vipère, d’abaisser le “feu sacré” et d’arrêter les crachements de sang.
Pour les morsures de vipère, les anciens racontaient que les belettes, avant d'engager la lutte contre les vipères, se roulaient dans les feuilles de plaintain afin de s’immuniser : d’où son nom d’herbe aux belettes ! Elle faisait aussi partie également des « herbes d'égarement » : en Franche-Comté, celui qui marche dessus perd son chemin.
Le Plantain entrait dans la composition de l’Eau d’arquebusade, une teinture officinale astringente, dépurative et rafraîchissante qui était prescrite en ces temps-là pour soigner de nombreuses maladies. On utilisait aussi les feuilles sous forme de cataplasme pour soulager les brûlures et favoriser la cicatrisation. Sans compter de nombreux usages culinaires…
C’est au Moyen-âge que de nombreuses histoires circulent sur le Plantain pour expliquer son nom :
Un tailleur de la Haute-Bretagne avait vendu son âme au diable, qui devait le combler de biens, mais le prendre au bout de dix ans ; il stipula toutefois qu'il serait libéré s'il pouvait présenter une couture si fine que les yeux du diable ne pussent la distinguer. Lorsqu'arriva l'échéance, le tailleur demanda l’aide des Fées, alors nombreuses dans le pays ; l'une d'elles cueillit quelques brins d'herbes, les assembla et les cousit avec des points si menus que Satan ne réussit pas à les découvrir ; furieux, il laissa la vie sauve et ses richesses au tailleur, et c’est depuis ce temps qu’on parle de l’ « herbe aux cinq coutures ».
une autre version met à nouveau en scène le Diable, avec la Vierge Marie, cette fois : il est dit que le diable était furieux des propriétés bénéfiques du Plantain, alors il se mit un jour à lui ronger les racines. Mais la Vierge Marie arriva à la rescousse et créa cinq nervures dans ses feuilles pour que la sève circulât, ainsi elle sauva la plante qui aidait tant les hommes. On voit que le Plantain est toujours considéré comme une plante éminemment bénéfique , en tout cas…
La Plantain continue d’être largement utilisé au fil des siècles : à la Renaissance, Thibault de Lespleigney, apothicaire et poète à ses heures, louait le Plantain dans une poésie tout en le conseillant à ses patients ! Dans ses pièces, Shakespeare fait plusieurs fois allusion à son action cicatrisante, pour les plaies que ses héros ne manquaient pas de se faire !
Au 18eme siècle, en Angleterre, il était courant de suspendre de petits bouquets de Plantain dans les diligences, comme talisman pour le voyage, car dans ce pays, il est souvent associé aux voyages. Un de ses noms est « waybread » : pain de route. Les personnes qui avaient à traverser des landes ou des causses infestés de vipères ou de plantes piquantes, attachaient des chapeaux noirs de Plantain à leurs jambes de leur pantalon, pour se protéger.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le Plantain a toujours été attaché à la notion de voyage : en effet, la plante elle-même est voyageuse, d’où sa présence le long des routes et même… de l’autre côté de l’océan atlantique : elle est arrivée en amérique sous les semelles des colons européens ! Les Amérindiens l’ont même surnommé « Pied de l’homme Blanc » parce que le Plantain s’installait partout où l’homme blanc posait ses bottes, ses semelles transportant les minuscules graines provenant de France ou d’Angleterre.
Jusqu’au début du XXe siècle, le Plantain a été considéré comme une plante médicinale incontournable : l'Agence Européenne des Médicaments et la Commission E allemande reconnaissent toutes les deux l'usage traditionnel du Plantain pour soulager la toux, et pour traiter les inflammations de la peau et des muqueuses.
Puis son usage s’est perdu, au profit de plantes plus exotiques ou savantes, sauf dans les campagnes, où il reste l’une des « simples » les plus connues et utilisées.
CULTURE ET CUEILLETTE
Le Plantain est facile à trouver ou à cultiver.
C’est d’ailleurs un allié utile au jardin car il joue un rôle très utile dans l’écosystème. Ses racines décompactent et aèrent le sol, un bon bio-indicateur donc, qui signale un sol pauvre en oxygène. Ses graines servent de nourriture et d’abri à de nombreux oiseaux et insectes, et il est très mellifère (ccd le Plantain attire en nombre les pollinisateurs).
Le Plantain affectionne les sols neutres ou légèrement acides et se plante en plein soleil ou à mi-ombre, idéalement au printemps. On arrose avec parcimonie, et on récolte généralement à partir du mois de mai jusqu’au mois de septembre. Pendant l’hiver, les pieds de Plantain sècherontd’eux-mêmes et réapparaitront problème sans au printemps suivant, car c’est une plante très rustique qui peut supporter jusqu’à -20 °C, et ne craint ni les maladies ni les nuisibles, à part les escargots et les limaces. Attention toutefois : le Plantain se répand partout et est extrêmement difficile à arracher…
Tout s’utilise dans le Plantain, feuilles, racines, graines, mais on se concentre la plupart du temps sur les feuilles : pourquoi sacrifier toute la plante quand les feuilles sont très poussantes et faciles à ramasser ?
On préférera les feuilles les plus jeunes et tendres, celles qui sont encore vert clair, puis on les fait les sécher soigneusement : c’est une plante stable au séchage, mais il faut que celui-ci soit de qualité, sinon l’oxydation fera perdre leurs propriétés aux feuilles qui deviennent noires.
Si vous préférez la cueillette sauvage, pas de confusion possible en dehors des autres espèces de Plantains (34 en Europe dont 21 en France), donc pas de danger, même si tous ne sont pas excellents à manger, aucun n’est toxique.
CUISINE
La plante entière peut s’utiliser en cuisine. Elle a un goût de verdure, de terre, astringent et légèrement amer. Les boutons floraux, en particulier, ont un goût subtil de champignon et d’oseille.
Les racines, qu’on récolte d’octobre à avril, ont de nombreuses radicelles et doivent être soigneusement brossée. Émincée, elles entrent dans la composition de tourtes avec d’autres légumes tels que tomate, poivron ou carotte cuits à l’eau et légèrement salés. Mais bon, à part en Sibérie, où c’est un plat très apprécié, on ne les trouve pas vraiment souvent à la carte des grands restaurants, soyons honnêtes ;)
Les feuilles, de Plantain lancéolé en particulier, peuvent se consommer crues, ajoutées aux salades. C'est une bonne façon de bénéficier de ses nutriments essentiels, tels que les fibres alimentaires, les vitamines C, A, et K, le calcium, le magnésium et le fer.
Plus coriaces en vieillissant, elles seront alors meilleures cuites à la manière d’épinards, à l’eau ou à la vapeur.
Les boutons floraux sont à mâcher crus, on peut aussi les ajouter aux salades, les faire réduire à la poêle ou encore les conserver dans l’huile ou le vinaigre. C’est délicieux.
Les Amérindiens font encore des conserves de Plantain, dans de la graisse de poisson, parait-il. Jamais testé…
On peut aussi manger les graines, qui se forment d’août à novembre. Elles donnent un goût fin aux plats de légumes. L’huile qu’elles contiennent apporte une touche de noisette dans les salades et sur les toasts. On peut aussi les réduire en farine et les ajouter à la pâte à pain ou à la soupe. À noter qu'elles constituent aussi un excellent aliment pour les oiseaux. Pensez à en cueillir et mettez-les dans une mangeoire l'hiver prochain…
On fait aussi du sirop de Plantain, très bénéfique contre la toux sèche et la toux irritative des fumeurs : cf recette ci-dessous.
Sirop contre la toux :
Dans un bocal en verre de type confiture, versez une couche de sucre roux, recouvrez d'une couche de feuilles de Plantain fraîches puis d'une nouvelle couche de sucre, suivie d'une couche de Plantain.
Continuez jusqu'à remplir totalement le bocal en finissant par une couche de sucre. Cette opération est à effectuer au cours du printemps. Enterrez le bocal dans la terre tout l'été. Quand vous le récupérerez en automne, vous obtiendrez un magnifique sirop noir que les enfants adorent.
PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS
Le Plantain est un véritable « pompier végétal » : sur le plan énergétique, il a un tempérament Rafraichissant, et Humidifiant (surtout le Grand Plantain, plus riche en mucilages que le Plantain lancélolé). Tout en réussissant le tour de force d’être aussi une plante Asséchante, lorsqu’il y a une sécrétion ! CàD qui va nettoyer et resserrer les plaies.
En effet, le Plantain, on l’a dit, contient à la fois des mucilages et de la pectine qui lui offrent des vertus adoucissantes et apaisantes, et des tanins astringents qui favorisent le resserrement des tissus, facilitent la cicatrisation et calment les inflammations !!
Hémostatique et antiseptique, le Plantain aide à former une barrière contre les bactéries et les virus et des études scientifiques ont démontré qu’il possède des propriétés antibactériennes sur le staphylocoque doré et Escherichia coli, entre autres.
Il a aussi des vertus nettoyantes de l’organisme : diurétique, il participe à l’élimination rénale de l’acide urique, et il aide aussi à purifier le sang, les poumons et l’estomac.
Il est aussi antispasmodique et reminéralisant. Enfin, grâce à la présence choline et d’alcaloïdes dans sa composition, le Plantain est aussi un véritable anti-histaminique végétal, qui combat les allergies tout type.
Toutes ces propriétés nous permettent d’entrevoir que le Plantain va se révéler très utile sur de nombreux plans, notamment dans tous les cas où la peau ou les muqueuses sont attaquées, que ce soit en interne ou en externe.
1/ En cas d’allergie générale :
Par-dessus tout, le Plantain est un remarquable antihistaminique dont l'usage est sans danger. Il calme les allergies aux pollens (dont ceux de Plantain !) et tout type de manifestions allergiques, cutanées ou autres.
Techniquement il inhibe la dégranulation des mastocytes, c’est -à-dire qu’il explique à notre cerveau qu'il ne se passe rien, ce qui empêche la libération des molécules d’histamine par nos cellules, et donc soulage les symptômes.
Il va être particulièrement utile en cas de rhume des foins ou de conjonctivite allergique.
Il sera aussi redoutablement efficace en cas d’allergies cutanées, car il a un effet anti-prurigineux, ce qui veut dire qu’il calme les démangeaisons, et un effet anti-infectieux qui permet d’éviter une surinfection des lésions, bien utile en cas d’eczéma, d’urticaire, de prurit atomique, et d’éruptions allergiques en général.
Il sera utilisé à la fois en interne et de manière locale pour soulager les symptômes. Mais attention tout de même : une infusion ou deux ne seront pas suffisantes pour venir à bout d’une allergie chronique. On conseille en général : de commencer par rechercher la cause exacte du problème pour l’évincer, bien sûr, puis de travailler bien en amont pour soutenir l’organisme pendant plusieurs semaines si possible, avec une prise journalière de Plantain, afin de prévenir et réduire au maximum la cascade histaminique.
Pour ce genre d’affections, on peut utiliser le Plantain sous de nombreuses formes : c’est avant tout une plante à infusion, qu’on peut facilement utiliser sous cette forme, à raison de 25 à 30 g/L et par jour. Du fait de sa richesse en mucilages, la plante se prête également très bien à la macération à froid (comme les fleurs de mauve et les racines de guimauve). On fera pour cela macérer les feuilles toute la nuit dans de l'eau fraiche. En interne, on pourra aussi essayer une forme plus concentrée d’alcoolature, sous forme de gouttes à diluer dans un verre d’eau.
En externe, on pourra aussi utiliser un macérât huileux de Plantain, aux vertus cicatrisantes, antihistaminiques et antispasmodiques, qui peut être utilisé en massage. Mais si vous partez en balade, les feuilles, tout simplement, sont très efficaces et simples à utiliser : par exemple, si vous vous faites piquer par des orties, frottez une feuille de Plantain sur la piqure, c'est très efficace. Vous pouvez aussi mâchouiller une feuille fraiche afin d’en extraire le jus et faites-en une pâte avec votre salive (qui est légèrement antiseptique) : recrachez cette boule de jus et appliquez-la sur le site de l’irritation. Ce genre de cataplasmes marche pour les piqûres ou morsure d’insectes, les coupures ou toute éruption cutanée, et soulage aussi l’inflammation et les rougeurs associées au psoriasis, en cas d’abcès ou de furoncles.
Le Plantain inhibe même la nécrose provoquée par la morsure d’araignées, même des Veuves noires : les amérindiens ont observé des grenouilles mangeant du Plantain après avoir été piquées par une araignée. Le Plantain est ce qu’on appelle une plante « aspirante : il a cette capacité de “tirer” le venin, les saletés, le pus et l’infection d’une plaie et à accélérer la résolution d’une blessure en stimulant la régénération cellulaire. Il peut aussi être utilisé pour faciliter l’expulsion d’échardes.
Le fameux Abbé Kneip disait que le Plantain « recoud les blessures avec du fil doré », manière de signifier qu’il évite les complications (encore une histoire de couture !!).
On utilise aussi le Plantain en cas d’acné, car, au-delà de ses vertus anti-inflammatoire, antiseptique et cicatrisante, il a la propriété de concentrer le Zinc, ce qui est très utile en cas d’acné.
Dans tout ce genre de cas, on gagne à associer le Plantain avec d’autres plantes de la peau, comme l’Achillée millefeuille, le Calendula, la Matricaire, le Millepertuis ou la Consoude.
2/ Au niveau de la sphère respiratoire :
En relation avec ses propriétés antihistaminiques, antispasmodiques des muscles lisses des bronches, anti-inflammatoires et antivirales, le Plantain va être intéressant dans toute affection touchant plus particulièrement les muqueuses respiratoires : gorge, bronches, etc.
On va donc l’utiliser en cas de rhinite ou pharyngite allergique, on l’a déjà dit, mais aussi en cas de laryngite, trachéite, surmenage des cordes vocales, coqueluche, bronchite, bronchiolite, en cas d’asthme ou de bronchite asthmatiforme ou de maladie amenant une dilatation des bronches.
en effet, ses vertus anti-inflammatoire, anti-allergique et purificatrice vont permettre de libérer les bronches en réduisant l’encombrement bronchique, et de détoxiquer l’organisme, d’où son intérêt sur la bronchite chronique, confirmé par une méta-analyse récente.
Une précision : le Plantain calme la toux à cause de son effet anti-inflammatoire, et en raison de la présence de pectine, connue pour soulager les maux de gorge et la congestion thoracique, mais il n’a pas de vertus expectorantes au sens propre, c’est pourquoi on le conseille plutôt en cas de toux sèche ou irritante, plus que de toux grasse.
Si vous avez des mucosités infectées, il va aider à les rassembler, les faire remonter et sortir, mais il sera bon de l’associer à une plante expectorante pour terminer le travail.
Pour la toux de manière générale, si vous avez la sensation qu’une particule est coincée et n’arrive pas à sortir de la gorge, c’est une indication typique du Plantain : de la même manière qu’il aide à extirper l’écharde, il expulsera la cause de l’infection !
Pour les problèmes ORL, on préférera le Plantain lancéolé au grand Plantain, car le premier possède une puissance accrue sur la sphère respiratoire par rapport au grand Plantain. Cette constatation validée par l'usage populaire trouve un écho dans la théorie des signatures : les feuilles fines et étroites du Plantain lancéolé le relient à l'élément air, dont dépend le système respiratoire…
La Réglisse, le Cassis, l’Echinacée, le Pin sylvestre et le miel seront de bons alliés dans ce genre de cas.
3/ Au niveau de la sphère et des muqueuses digestives :
Le Plantain va être très intéressant là aussi en relation avec ses propriétés antiulcéreuses et anti-inflammatoires des voies digestives. On va l’utiliser en cas de gastrite, d’ulcère gastroduodénal, de reflux gastro-eosophagien, et plus globalement dans tous les cas de muqueuses irritées ou enflammées, qui bénéficieront fortement d’une simple infusion de Plantain ! D’autant plus que l’activité antispamodique du Plantain s’ajoutera à son aspect anti-inflammatoire, ce qui est très utile dans les cas d’inflammations accompagnés de crampes, ce qui est fréquent dans cette zone-là.
Préférez dans ce genre de cas des infusions tièdes, pour ne pas irriter encore plus la zone douloureuse, en prises régulières et espacées dans la journée, afin de recouvrir les muqueuses de ce liquide réparateur le plus souvent possible.
On peut aussi utiliser le plantain en macérât huileux ou en compresse, seul ou en combinaison avec l’hamamélis, le fragon et le marron d’inde, en cas d’hémorroïdes douloureuses. Le Plantain va vraiment être utile sur toutes les inflammations du système digestif, de la partie la plus haute à la plus basse !
Au niveau des muqueuses buccales, le Plantain est particulièrement efficace : il calme les inflammations des gencives et les aphtes, en bain de bouche. On l’utilisait même autrefois pour nettoyer et calmer les caries douloureuses en attendant le rendez-vous chez le dentiste. Utile si on n’a pas d’huile essentielle de clou de girofle sous la main !
Matthew Wood, célèbre herboriste américain, l’utilise pour les abcès dentaires, et lorsqu’il y a inflammation à la racine d’une dent, particulièrement après une dévitalisation ou une extraction. Il permet d’extirper le pus et de soulager l’inflammation. Il même a observé de multiples cas d’abcès dentaire résolus grâce au Plantain, dans des situations où la dent semblait condamnée.
4/ Au niveau des muqueuses ophtalmiques :
Son effet astringent et désinfectant en fait une bonne plante pour un bain d’oeil. Ce bain peut être utile pour les conjonctivites ou blépharites. On peut utiliser pour cela un hydrolat ou une infusion refroidie de Plantain. Il est aussi souvent utilisé pour apaiser les yeux rouges, gonflés ou irrités et toutes les infections oculaires mineures, et aussi pour soulager la sécheresse oculaire et apporter un confort aux yeux fatigués, grâce à sa richesse en mucilages.
Dans l’ancien temps, on préconisait le Plantain pour les yeux sombres et le Bleuet pour les yeux bleus !
5/ Effet reminéralisant, anti-oxydant et détoxifiant :
Grand antioxydant, le Plantain contient des vitamines A, B1, B2, B3, C et K, qui jouent un rôle important dans le bon fonctionnement de l’organisme. C’est aussi l’une des plantes les plus riches en minéraux. Il contient du potassium, calcium, magnésium, silice, phosphore, zinc et cuivre.
De plus, il est bénéfique pour le foie grâce à ses propriétés dépuratives et diurétiques : il favorise l’élimination des déchets métaboliques, réduit les inflammations hépatiques et protège les cellules du foie contre les dommages causés par les radicaux libres. Cela peut être particulièrement utile pour les personnes souffrant de maladies hépatiques chroniques ou celles exposées à des toxines hépatiques. Comme on l’a déjà dit, c’est un détoxifiant important de l’organisme, qui élimine pus, infections et déchets, et aide l’organisme à mieux fonctionner de manière générale.
En médecine traditionnelle chinoise aussi, on utilise le Plantain, particulièrement les graines, pour leurs propriétés diurétiques et éliminatrices de l'urée, de l'acide urique et des chlorures.
Les graines de tous les Plantains sont aussi utilisées avec succès pour réguler le transit.
6/ Autres applications :
Felter et les autres médecins éclectiques Américains recommandent le Plantain pour la névralgie du trijumeau (qui causent d’intenses migraines, notamment), en prise interne sous forme de teinture.
On l’utilise aussi en douche vaginale, dans les cas de vaginite ou autre écoulement vaginal abondant. en effet, le Plantain est considéré comme une plante agissant fortement sur l ’utérus et l’appareil génital, en particulier en cas de saignements et de chaleur (inflammation) excessive.
7/ Précautions et contre-indications :
Aucune contre-indication n’est connue en ce qui concerne le Plantain. Il faut seulement noter que dans de rares cas, des effets indésirables ont été rapportés, comme des effets laxatifs et hypotenseurs, quand il est consommé à hautes doses.
Bien que le Plantain soit généralement sûr et bien toléré, certaines personnes peuvent toutefois y être allergiques. Il est recommandé de faire un test cutané avant toute application étendue sur la peau.
Le Plantain est contre-indiqué chez les femmes enceintes car il a un effet stimulant sur l’utérus, et déconseillé chez l’enfant de moins de 3 ans en interne, par précaution.
SYMBOLISME
Le Plantain est une fleur du vent ! Il est avant tout lié à la notion de Voyage, ainsi, c’est une plante qui vous invite à sortir de votre zone de confort, à quitter la sécurité pour découvrir des contrées plus sauvages, à l’extérieur comme à l’intérieur de vous.
Il nous fait aussi réfléchir à la notion de limites : connu/inconnu, intérieur/extérieur. La magie propre au Plantain est de faire sortir ce qui est coincé : il expulse les sentiments ou les émotions de la même manière qu'il enlève les échardes et les dards des insectes. Il vous questionne sur ce que vous avez à abandonner et à garder. Quelle souffrance gardez-vous à l’intérieur de vous, par peur de l’inconnu ?
Le Plantain nous parle aussi d’ancrage : extrêmement résistant, le Plantain rend fou le jardinier qui veut s’en débarrasser. La manière dont il colle au sol et refuse de céder est une leçon de ténacité pour les humains : c’est toute la différence entre un paillasson et un plantain : acceptez les difficultés et tenez ferme, gardez profil bas s’il le faut, comme le Plantain, mais défendez vos frontières ! Le Plantain manifeste la puissance de la Terre et l’énergie du soleil condensée dans une seule plante, avec ses feuilles basales et ses hampes florales tendues vers le ciel.
Et c’est la dernière leçon du Plantain : il représente l’équilibre et la modération. A la fois adoucissant et astringent, entre Terre et Ciel, il nous invite à trouver l’équilibre dans la matière. Alors, la prochaine fois que vous verrez du Plantain au bord du chemin, évitez de marcher dessus, il vaut mieux que cela !!
Références/sources :
Dr Nathalie Faggianelli, Docteur en biologie, phyto-aromatologue, naturopathe
Dictionnaire de Plantes Médicinales et Vénéneuses de France, de Fournier
Christophe Bernard, Althea Provence
Virginie Missaein, herboriste naturopathe
Secrets d’une herboriste, de Marie-Antoinette Mulot
300 plantes médicinales, de Claudine Luu, herboriste et praticienne MTC
Le livre des bonnes herbes de Pierre Lieuthagi
Petit Larousse des plantes qui guérissent, de François Couplan et Gérard Debuigne
Du bon usage des plantes qui soignent, de Jacques Fleurentin
Luminessens
Plantes occidentales et médecine chinoise, de Anne Vastel
Traité d’herboristerie énergétique, de Matthew Wood