Il y a de nombreuses baies rouges-orangées qui sont pleines de bienfaits : l’arbousier ou la canneberge, qui ont des propriétés anti-oxydantes et sont de bonnes sources de vitamine C.
Vous connaissez aussi certainement l’Acérola, extrêmement riche en vitamine C, qui est tonique stimulant exceptionnel de l’organisme : c’est la fameuse Cerise des Barbardes, qui est originaire d’Amérique du Sud,
Chez nous, son équivalent local est l’Argousier, un petit arbuste épineux et buissonnant aux multiples talent, qu’on trouve couramment en jardinerie et qui est souvent utilisé en haies coupe-vent.
Son feuillage et ses baies automnales jaune orange sont extrêmement riches en nutriments essentiels, et c’est la source de nombreuses préparations à la fois culinaires et médicinales. Tonique, particulièrement riche en vitamine C, anti-oxydant majeur, l’argousier est aussi un allié puissant du système digestif et vasculaire.
BOTANIQUE
L’Argousier a pour nom scientifique : Hippophae rhamnoides, et fait partie de la famille des Ealeagnacées. C’est l’unique représentant indigène de sa famille en Europe.
« Hippophae » vient du grec « Hippos » qui signifie « Cheval » et de « Phaôs/Phein » qui signifie « Reluire ». Tout simplement parce que les grecs utilisaient les baies d’argousier pour lustrer la robe de leurs chevaux.
Il a plein de noms communs : argousier, argasse, grisset, épine luisante, épine marante, saule épineux, faux nerprun, bourdaine marine, ananas de Sibérie, olivier de Sibérie, Saule épineux, Faux-nerprun, Ananas de Sibérie,
Comme ses noms communs le suggèrent, on rencontre l’argousier dans les régions montagneuses et dans le nord, mais son aire de répartition est curieusement disjointe :
il se rencontre aussi bien dans les régions sèches des Alpes, le long des cours d’eau ou sur les dunes littorales notamment le littoral de la Baltique, de la mer du Nord et de la Manche où il forme couramment des fourrés plutôt denses qui se teintent d’orange en automne.
C’est un arbrisseau qu’on reconnait facilement avec ses tiges fortement épineuses, qui peut atteindre 2 à 5 m de hauteur. Ses feuilles sont étroites, vert foncé, au revers argenté, avec des petites taches brunes sur la face inférieure. Ses petites fleurs verdâtres sont insignifiantes, mais ses fruits se remarquent de loin : ils sont jaune à jaune orangé et possèdent un noyau dur contenant une graine. Ils peuvent rester en place sur la plante durant tout l’hiver. Les argouses sont gorgées d’un abondant jus orangé, goûteux mais très acide.
Rustique et résistant à la pollution, l'argousier s'adapte aux climats extrêmes (Sibérie, Tibet, dunes désertiques), il tolère des températures extrêmes allant de -43°C à + 40°C. Son système racinaire particulier (racines principales profondes et racines secondaires horizontales) stabilise et entrave l'érosion des sols : l’argousier est un arbre pionnier, qui se contente d'un sol pauvre drainé et tolère même une certaine salinité, et qui colonise et enrichit les terres ingrates. D'autre part, ses feuilles caduques forment, année après année, un humus propice à la prolifération des autres espèces végétales. En revanche, le soleil et la lumière lui sont indispensables.
L'argousier est en dioïque mais vous pouvez maintenant trouver des variétés autofertiles chez les pépiniéristes. En France, il existe des producteurs d’argousier, notamment dans les Alpes.
L’argousier est extrêmement riche en principes actifs : Vitamines A, B, C, E, K et carotène ; minéraux ; caroténoïdes ; polyphénols ; acides-alcools ; sucres simples ; protéines et acides aminés ; lipides.
On les retrouve dans toutes les parties de la plante, feuilles, écorce, baies et même les graines dont on fait de l’huile.
L’huile des graines possède une teneur élevée en acides gras insaturés (73 %) dont deux acides gras essentiels. L’huile de pulpe est riche en oméga 7, un acide gras rare et bénéfique (prévention des rides et du dessèchement des muqueuses oculaire, digestive, urogénitale).
Mais c’est surtout le fruit de l’argousier qui suscite l’intérêt depuis des milliers d’années en Europe comme en Asie : et pour cause !
Cette petite baie bénéficie d’une teneur record en vitamine C antioxydante, avec plus de 360 mg pour 100 g. Grâce à cette teneur exceptionnelle en vitamine C l’argousier a un fort pouvoir antioxydant et contribue à booster les défenses immunitaires et à lutter contre le stress oxydatif responsable du vieillissement prématuré des cellules.
Outre ce potentiel antioxydant, la baie d’argousier est peu calorique, peu sucrée et très riche en fibres alimentaires : ce qui lui confère un fort pouvoir rassasiant et favorise le transit intestinal et le bien-être digestif.
Comme une seule consonne sépare ce mot d’«arbousier», les confusions sont fréquentes. L’arbousier (Éricacées), arbuste toujours vert méditerranéen, dont le port et le feuillage rappellent ceux du laurier, les gros fruits rouges quelque peu la fraise, a une aire et des emplois très distincts de son quasi homonyme.
HISTOIRE
L’homme connait l’argousier en Asie et en Europe depuis l’Antiquité.
On l’a vu, les Grecs utilisaient déjà les baies d’argousier pour lustrer la robe de leurs chevaux (notamment à l’occasion de courses).
Selon une légende, les feuilles d’argousier étaient l’un des mets préférés de Pégase.
En médecine traditionnelle chinoise, japonaise, tibétaine ou ayurvédique, on emploie rapidement l’argousier comme tonique général de l’organisme, et pour soigner de nombreuses affections de la peau et des muqueuses. En association avec
d’autres plantes, il est également utilisé pour traiter certains troubles cardiovasculaires, les troubles digestifs, l’inflammation des poumons et les règles irrégulières ou douloureuses.
L'huile d'argousier était déjà utilisée elle aussi dans l'Antiquité pour ses vertus vermifuges, toniques, astringentes, anti-infectieuses ou antisclérotiques.
Alors qu’il est non seulement inoffensif mais d’un grand intérêt diététique, l’argousier a toujours été considéré comme vénéneux dans les Alpes et la vallée du Rhin ! C’est même l’objet d’une anecdote racontée par Jean-Jacques Rousseau. C’est un exemple étonnant de la perception discordante qu’on peut avoir d’un même végétal, et dont on ne connait pas l’origine.
Et pourtant, plus au nord, en Scandinavie, les argouses sont très appréciées comme condiment du poisson. Et dans les pays germaniques, où l’on y voit une source majeure de vitamine C, on en fait un « complément alimentaire » majeur, qui justifie la culture en grand de l’arbrisseau (et entraîne la mise à sac des peuplements sauvages pour les besoins des laboratoires).
La présence de l’argousier en Mongolie fait que cette plante était utilisée comme remède par le conquérant Gengis Khan (et ses guerriers, ) aussi bien l’huile d’argousier appelée « sang du cœur de l’empereur »22, que les baies pour « fortifier son corps .
Aliment ou condiment ici, poison ailleurs... C’est seulement de nos jours qu’on décèle, sous l’influence des « nouveaux habitants » des campagnes, une certaine chute de méfiance à l’égard des fruits longtemps frappés d’interdit. Sans que la suspicion disparaisse partout, loin s’en faut : la plupart des sureaux français ne nourrissent que les merles ; aucun Alpin de souche n’irait goûter aux argouses cueillies par le botaniste randonneur.
De nos jours, on utilise l’argousier pour sa valeur nutritionnelle et thérapeutique, mais aussi en brise-vent dans les haies. Les éleveurs de Chine du Nord-Ouest laissent leurs animaux s'en nourrir. En Russie, le fourrage en est complémenté. La volaille alimentée avec des farines à base de fruits et d'huile d'argousier montre une augmentation de la pigmentation des jaunes d'œuf et de la masse graisseuse corporelle. L'huile augmente également la pigmentation de la chair de la truite arc-en-ciel
CUEILLETTE
Même si on utilise différentes parties de l’argousier, en herboristerie familiale, on travaille plutôt avec les baies en général, qui se récoltent en octobre.
Pour les plus chanceux, la baie d’argousier peut être cueillie à-même l’arbuste puis consommée extra-fraîche. Toutefois, ce fruit fragile ne se conserve pas très longtemps. On recommande de consommer les baies fraîches d’argousier le plus rapidement possible pour éviter qu’elles ne se flétrissent et perdent leurs vitamines si précieuses.
Les baies d’argousier peuvent également être congelées, ce qui permet d’en profiter facilement et toute l’année.
Dans tous les cas, munissez-vous de gants et d'un sécateur. En effet, ces faux fruits disposés en grappes sont bien attachés aux branches, ce qui rend leur cueillette difficile, au risque de les écraser lorsque l'on les saisit trop fortement. Il vaut don c mieux couper directement les branches en petits segments ! Pas d’angoisse, vous pouvez congeler les morceaux de branchage avec les baies.
Pour ceux qui préfèrent l’argousier en version jus, vous pouvez aussi congeler directement le jus dans des bacs à glaçons, ce qui permet d’en avoir de petites quantités à disposition pour une intégration facile aux recettes du quotidien.
CUISINE
Ces fruits ne se contentent pas d’être bons pour la santé, ils permettent aussi d’intéressantes préparations culinaires. Afin de préserver les qualités nutritives des baies, l'idéal est de les consommer crues, qu’elles soient fraîches ou congelées.
Sirops et gelées sont classiques, ce qui n’enlève rien à leur intérêt : comme le jus d’argouse est très acide, l’ajout de sucre aide à le consommer.
Vu son arôme incroyable, on peut aussi utiliser le jus d’argousier comme un vinaigre parfumé, dans des salades ou des hors-d’œuvre : le goût acidulé et délicat de l’argousier en fait un ingrédient de choix pour réaliser des sauces et vinaigrettes aussi délicieuses qu’originales. Pour en profiter, il suffit d’ajouter un petit filet de jus d’argousier à un fond de sauce ou à une vinaigrette. L’argousier se marie à merveille avec les viandes de caractère, le poisson, le fromage et les crudités.
Dans un autre registre, on peut aussi l’utiliser en base pour préparer des sorbets.
Pour préparer le jus :
1. Rincez les baies fraîches ou décongelées et mesurez le volume (et non pas le poids) avec un verre mesureur.
2. Passez les baies au presse-purée ou au moulin à légumes avec une grille suffisamment fine afin d'éliminer le maximum de peau et de graines, en ajoutant au fur et à mesure un peu d'eau (ou de jus de pomme bio) dans les proportions suivantes : 100 ml d'eau pour un volume de 200 ml de baies. Vous obtenez à ce stade une purée d'argousier liquide. Mélangez bien et passez au chinois. Votre jus est prêt. Vous pouvez vous en servir comme vinaigre.
Pour préparer le sirop :
3. Réduisez les baies au moulin à légumes (ou au blender), sans ajouter de liquide.Pesez le jus obtenu, puis préparez à froid le même poids de sirop, en faisant dissoudre du sucre dans de l'eau (on compte 450 g de sucre pour 250 g d'eau). Mélanger énergiquement l'ensemble.
4. Ajouter le sirop au jus de fruits. Pour moins d'acidité, on peut aller jusqu'à deux fois plus de sirop que de jus de fruits.
5. Conditionnez en flacon opaque et conservez au réfrigérateur en vue d'une consommation rapide.
Autres préparations
• Huile de macération : En faisant infuser des baies d'argousier dans de l'huile de jojoba, vous obtenez une huile pour la peau intéressante. Alors, bien sûr, cette préparation n'aura pas l'efficacité de l'huile d'argousier obtenue par pression à froid, mais elle sera intéressante pour préserver la peau du vieillissement cutané ou pour traiter les irritations locales. Pour cela, utilisez des baies mûres concassées à faire chauffer à feu très doux avec l'huile de jojoba au bain-marie environ une heure. Techniquement, c’est une digestion douce. Attention, l'huile ne doit pas entrer en ébullition, ni même frémir. Filtrez-la à la fin de l’opération.
PROPRIÉTÉS ET UTILISATIONS
L’argousier est un tonique général bien adapté pour traiter les états de carence et de fatigue générale de l’organisme, en particulier ceux liés aux changements de saisons. Parfait en cette fin d’hiver, donc. Ce sont surtout ses activités antioxydantes (baies et huile) et stimulantes immunitaires qui caractérisent l’argousier.
En effet, l’argousier est riche en vitamine C (l’équivalent de 30 oranges, tout de même !), mais également en procyanidines, quercetine, lutéine et zéaxanthine, ce sont tous des composés ayant des effets antioxydants. Les baies sont aussi des sources de vitamine B1, B2, B5, B6 et de vitamine E. La vitamine E joue un rôle essentiel dans la protection de la membrane de toutes les cellules de l’organisme. Elle est antioxydante, c’est-à-dire qu’elle contribue à la neutralisation des radicaux libres dans l’organisme. De plus, elle empêche ou réduit l’oxydation des lipoprotéines de faible densité (LDL). Cette oxydation des LDL est associée à l’apparition de l’athérosclérose et donc aux maladies cardiovasculaires. La vitamine E a aussi des propriétés anti-inflammatoires, antiplaquettaires et vasodilatatrices. Ces effets, qui ne sont pas reliés à son activité antioxydante, jouent également un rôle cardioprotecteur. L’argousier contient aussi des minéraux (calcium, fer, magnésium, zinc, cuivre)
Système Immunitaire-Asthénie :
Les baies d’argousier contiennent une quantité impressionnante de vitamine C et facilitent les fonctions immunitaires. De plus, elle facilite l’absorption du fer non-hémique d’origine végétale. C’est donc un bon Stimulant physique et tonique général. On le recommande particulièrement en cas d’infections répétées (grippe, épuisement physique…). On peut aussi l'utiliser à titre préventif.
L'argousier est très intéressant pour soutenir les convalescents, ou dans le cas d'asthénies fonctionnelles.
Les baies contiennent également de la vitamine A, qui est l’une des vitamines les plus polyvalentes, collaborant à plusieurs fonctions de l’organisme. Entre autres, elle contribue à la croissance des os et des dents, maintient la peau en santé et protège contre les infections. De plus, elle joue un rôle antioxydant et favorise une bonne vision, particulièrement dans l’obscurité. Les baies contiennent aussi du bêta-carotène, un précurseur de la vitamine A au pouvoir antioxydant qui limite le stress oxydatif et les radicaux libres, des molécules responsables du vieillissement de nos cellules.
En cas d’affections respiratoires (toux, syndromes grippaux, refroidissements) : trois cuillères à soupe de jus ou de sirop, réparties dans la journée (la dernière prise avant 17 heures), jusqu'à amélioration. Ou gélules de poudre de fruit.
Chimiothérapie :
En tant qu'antioxydant et anti-inflammatoire, l'argousier agit préventivement comme aliment anticancéreux, protecteur du système cardio-vasculaire et anti-âge.
Des études faites sur l’huile de ses graines ont montré une amélioration de l’immunité chez les patients soumis à une chimiothérapie.
La prise d'argousier :
• Fit disparaître complètement le sensation de dégoût au bout de 3 jours ;
◦ Ce résultat fut nettement supérieur à celui obtenu dans le groupe de contrôle qui prit de l'ondansetrone, médicament utilisé pour calmer les nausées induites par la radiothérapie et la chimiothérapie ;
• augmenta donc les protections naturelles contre les radiations) ;
• Augmenta les niveaux de corticostérone en circulation (anti-inflammatoire naturel) ;
• Augmenta les niveaux de sérotonine dans les tissus de l'intestin et en circulation sanguine, les niveaux de sérotonine étant étroitement liés au bien-être mental.
Que du bénéfice, donc.
Système digestif :
La petite baie orange est aussi égèrement apéritive.
Les baies d'argousier contiennent des flavonoïdes aux effets hypoglycémiants et régulateurs de la glycémie, chez des personnes prédiabétiques, d’après de récentes études chinoises.
Chez des hommes obèses ou en surpoids, la consommation de baies d’argousier retarde et diminue donc la réponse à l’insuline après un repas. Elle améliore également le contrôle de l’appétit en raison de sa teneur en fibres.
L'argousier est aussi utile dans la prévention et le traitement symptomatique des ulcères gastriques et duodénaux, car il possède des propriétés anti-ulcéreuses.
Système vasculaire :
L’Argousier est aussi un bon stimulant cérébral et a des propriétés anti-arythmiques.
C’est un cardiotonique léger qui stimule la circulation. La consommation des huiles d’argousier réduit les risques de maladies cardiovasculaires, d’artériosclérose et contribue à la diminution du cholestérol (LDL).
Il permet aussi le traitement des troubles circulatoires mineurs.
Système cutané :
L’argousier a de bonnes vertus cicatrisantes. En plus de son rôle d’antioxydant, la vitamine C contribue au maintien de l’intégrité de la peau, aide à la cicatrisation des plaies, protège les cellules contre le vieillissement prématuré causé par les radicaux libres.
C'est un bon traitement d’appoint des affections dermatologiques : brûlures, coups de soleil, dermatoses, eczéma, plaies, escarres…
En externe, L'huile d'argousier est destinée à corriger les signes de dessèchement cutané extrême ou des muqueuses : syndrome sec de Gougerot-Sjögren, sécheresse oculaire ou vaginale, suite de radiothérapie ou de laserthérapie.
Autre piste d’utilisation traditionnelle :
les feuilles d'argousier sont non-toxiques et ont été traditionnellement consommées sous forme d'infusion. Elles semblent constituer une approche tout à fait valable pour bénéficier des propriétés de l’argousier, notamment en accompagnement des chimiothérapies.
Précautions d'emploi de l'argousier :
L'argousier ayant des fruits extrêmement riches en vitamine C (concentration cinq fois plus importante que pour le kiwi et trente fois supérieure à celle de l'orange), il est recommandé de ne pas en consommer en fin de journée, c’est tout !
Pour le reste :
Pas de contre-indications connues !
Pas d'effets indésirables connus !
Pas d'interaction connue avec des plantes médicinales ou des médicaments !
SYMBOLISME
Peu de signification symbolique sont attachées à l’argousier.
C’est plus la couleur qui nous parle : l'orange est le symbole de la vitalité au coeur de l’hiver, il représente la vie et l’abondance en plein coeur de la saison froide. toute la puissance et la magie du végétal dans une minuscule baie, promesse de renouveau…
